Durban Square – Indra Jatra – La Kumari – Katmandou

Boutiques-Katmandou

Nous pénétrons dans la vieille ville par une petite rue à l’aspect de plus en plus ancien comme si nous remontions dans le temps. Partout des boutiques en tout genre étalent leurs marchandises de part et d’autre de leur devanture, souvent un simple volet métallique. Ça et là des fenêtres en bois découpé.

Boutique-Katmandou

Bientôt c’est un temple. A proximité, sous une grosse cloche, un homme dort un bras étendu sur la chaussée, sans doute un porteur épuisé comme l’indique la sangle à ses côtés ;  la rue est étroite et des passants guident une camionnette pour le contourner, personne ne semble envisager de le réveiller. En contre-bas, protégée par des lingams, une fontaine trône dans une grande cour où des hommes et des femmes font la queue pour recueillir un maigre filet d’eau dans des bassines ou des bidons. Des câbles électriques tissent une toile désordonnée au dessus de l’ensemble.

Circulation à Katmandou

Plus on s’approche du centre ville plus la circulation s’intensifie, piétons et motos se croisent harmonieusement, sans heurts mais non sans bruit, le klaxon est un équipement indispensable. Bientôt nous sommes devant le temple Kasthamandap dont Katmandou tire son nom à l’entrée de Durbar Square  au centre de la vieille ville.

Offrandes - Katmandou

Nous avons la chance d’être ici en pleines fêtes de l’Indra Jatra qui marquent la fin de la mousson. A cette occasion le quartier est en effervescence, partout des décorations, des plate-formes érigées, des lieux de cultes comme le Masque de Sweta Bhairava exceptionnellement ouverts à la dévotion des fidèles et à la curiosité des touristes. Des prêtres et des sortes de chamans avec une étrange coiffe à facettes officient, des marchants proposent tout ce qui est nécessaire pour faire ses offrandes ou abordent les touristes avec d’incontournables souvenirs : flûtes, cartes postales, cadenas typiques, bijoux… De temps en temps un groupe de masques avec épées, tambours et pétards accompagné parfois d’un dragon fend la foule. La journée sera clôturée par un  défilé de chars en l’honneur de la Kumari, une jeune fille considérée comme une déesse vivante.

Faites l'amour pas la guerre - Maison de la Kumari - Katmandou

En attendant ce point d’orgue nous continuons notre visite justement par la maison de la Kumari, là ou vit cette jeune fille. La voir ou accéder à ses appartements sont interdits et nous ne verrons que la belle cour intérieure. A proximité on prépare les chars du défilé ; des enfants s’amusent à les escalader.

Préparation des chars pour la Kumari - Katmandou

Nous déjeunons dans un restaurant en terrasse qui domine le palais royal et une grande place où s’étale un marché aux souvenirs. Nous somme plusieurs à être tentés par du « sanglier sauvage » qui nous déçoit : lors de cette vie au grand air il a incontestablement développé une musculature d’acier. Jean, que ses origines classent d’office dans les spécialistes de ce breuvage, déclare la bière locale très honorable. Je saurai attendre, pour mettre toute les chances de mon côté dans la prochaine montée en altitude j’ai décidé de renoncer à toute goutte d’alcool jusqu’à nouvel ordre.

Vendeuse de plateaux à offrandes - Katmandou

Certains marchands ambulants nous suivent avec assiduité depuis notre entrée dans la vieille ville. Dés qu’ils sentent que notre attention se relâche il nous relancent, sans être trop pressants mais avec  persévérance. Au fil des heures nous faisons connaissance, nous nous renseignons, nous négocions. Un moment je suis tenté par une flûte, j’en ai déjà plusieurs qui proviennent de différentes parties du monde et qui s’entassent chez moi dans un coin, un début de collection qui tout compte fait n’a pas grand sens d’autant plus que je n’en joue pas. Un de ces jeunes commerçants nous fait miroiter des bracelets articulés ornés de perles et qui peuvent prendre différentes formes, sphères, couronnes… Pour nous convaincre que ce n’est pas du toc il soumet une des perles à la flamme de son briquet. C’est vrai que cela pourrait plaire à mes petites filles. Nous nous prenons au jeu du marchandage et faisons chuter le prix, pourtant déjà modeste au départ, en nous regroupant. Le jeune homme s’accroche à son offre, hésite, puis déçu, cède au conseil d’un ancien qui lui fait signe d’accepter. J’appendrai plus tard qu’il s’agit d’un mandala « lotus puzzle » inspiré des mandalas bouddhiques et que les garçons aussi auraient bien apprécié que je leur en rapporte un.

Khali - Katmandou

D’immenses statues de divinités font l’objet d’offrandes et de dévotions au milieu de fumerolles. Leur aspect est souvent terrifiant, notamment celle de Khali, constellée de traces rouges pour ne pas dire sanguinolentes, qui brandit les membres de ses adversaires. Il faut reconnaître que chez nous certaines représentations de crucifixions ou de martyres ne poussent pas non plus à la rêverie. Ici au moins des sculptures érotiques très explicites ornent certains bâtiments et apportent une touche vivifiante. Toutes les facettes de la vie en somme.

Hanuman, le général des singes - Katmandou

A l’entrée du palais royal se dresse la statue de Hanuman, le général des singes, une divinité symbole de fidélité,  marquée elle aussi par des traces rouges. Après s’être déchaussés, des gens en font le tour et parfois glissent une offrande sous sa longue tunique. Dans le palais il y a plus de visiteurs locaux qu’étrangers. Ils se sont déplacés en famille à l’occasion des fêtes. Nous montons jusqu’au dernier étage pour une belle vue sur la ville.

Prêts pour voir passer la Kumarit - Katmandou

L’heure du défilé est incertaine. Ce serait à partir de 17 h 30, mais rien n’est garanti. La foule commence à se masser sur les places, le bord des rues et les gradins des temples. Il est 16 h 30, avec un de mes compagnons nous nous installons sur le bord d’une petite terrasse qui surplombe le sol d’à peine un mètre mais d’où nous pourrons prendre des photos sans être gênés par la foule. Il n’y a plus qu’à attendre. Nous avons du faire un bon choix car l’emplacement est convoité, petit à petit la terrasse se remplit et un cordon serré se forme à nos côtés. Les nouveaux arrivants, y compris une fanfare militaire au complet, doivent désormais escalader le petit muret de soutien et à notre grande surprise nous choisissent toujours comme point d’abordage. J’inspecte le soubassement et ne détecte aucun signe indiquant un quelconque passage. Rien. Nous sommes simplement le maillon faible, les touristes qui n’oseront pas protester. Tout se passe heureusement sans réels affrontements et, à part quelques enfants que nous avons laissés se faufiler devant nous, nous réussissons à maintenir notre position en première ligne.

En attendant la Kumari - Katmandou

Groupe de masques, fanfares de jeunes, dragons, pétards et tambours font patienter la foule. Ici pas de barrière métalliques pour la contenir. Une équipe trace une ligne symbolique avec de la poudre blanche sur les bords de la place pour baliser le passage des chars dont on se demande comment ils vont pouvoir se frayer un chemin au milieu de tous ceux qui ont investi la chaussée, Népalais et touristes bardés d’appareils photos mêlés.

Enfin le cortège s’ébranle dans une cohue indescriptible. La nuit commence à tomber. Il y a trois chars avec des grappes d’hommes accrochés aux montant des dais qui les surmontent, certains incitent la foule à s’écarter, d’autres lancent des fleurs que les femmes tentent d’attraper. Au fond de chaque baldaquin, tassé, un enfant maquillé au regard ébahi. La Kumari est dans le dernier.

Une journée inoubliable, bien remplie, nous décidons de dîner au restaurant de l’hôtel où nous choisissons un assortiment de plats népalais.  Demain ce sera Lhassa, le Tibet, à 3650 m.

Encore des photos …

 Le défilé de la Kumari

Étape précédente
« Swayambunath - Katmandou - Népal
Étape suivante
De Katmandou à Lhassa »
Retour à la liste des étapes

9 réflexions au sujet de “Durban Square – Indra Jatra – La Kumari – Katmandou”

  1. Bonjour, Pierre
    Tes photos m’éblouissent à chaque fois. Je suis surprise par la possibilité de vivre les scènes avec autant de réalité , les émotions passent même à travers. Ainsi J’ai ressenti l’engouement et la fierté de ces personnes qui vénère leur déesse. Et il y a autant de couleur dans la paysage qu’à travers les expressions de chaque visage.C’est un super moment! Lysiane

    Répondre
  2. Super! Ton récit est captivant et tes photos sont magnifiques!
    J’ai hâte de lire la suite! Je connais l’Inde et ses croyances; tout me passionne, je revis mes émotions!
    Bravo!
    Il faut envisager un livre comme pour Compostelle!
    Elisabeth

    Répondre
  3. Super! Ton récit est captivant et tes photos sont magnifiques! J’ai hâte de lire la suite! Je connais l’Inde et ses croyances; tout me passionne, je revis mes émotions! Bravo!
    Il faut envisager un livre comme pour Compostelle!
    Elisabeth

    Répondre
  4. Bonjour Pierre,

    Merci pour ce court exposé de votre long voyage. Partout dans le monde, dans toutes les sociétés, des croyances soulèvent les foules, mais là, c’est impressionnant comme certains visages montrent la passion sans limite de la population. La masse de gens en est même dangereuse.
    A bientôt.
    Christophe.

    Répondre
  5. et bien qu’elle aventure…. bien différent du cheminement…, que de monde, de couleurs et d’étonnements ! Et tu as même rencontré Pompon ! Allez courage : encore un peu de lecture en partage s’il te plait .

    Répondre
  6. Bonsoir Pierre,
    Reportage, photos, tout est magnifique !
    De quoi gagner un bon Karma pour franchir les cols à 5000m, au Tibet.
    Merci pour ce voyage riche d’ intérêt. Et qui rend impatient pour la suite du récit;-)
    Amitiés.
    Anne

    Répondre
  7. merci pour ce journal de bord et ces photos qui nous font revivre l’aventure !
    Je reste encore interloqué par cette foule pieuse qui tourne autour des temples avec ses moulins à prière, qui vient vénérer la Kumari (pauvre gosse prisonnière de ces rites mais surement fière d’avoir été choisie !) ou qui fait des offrandes à ces multiples divinités.
    C’est décidément un autre monde, une autre culture.

    Répondre

Laisser un commentaire