Mouthier-Haute-Pierre : étape n°18 – Ma via Francigena

De Foucherans à Mouthier-Haute-Pierre
De Foucherans à Mouthier-Haute-Pierre

Jeudi 19 septembre.
Dix-neuvième jour : Rome est à 1251 kilomètres.

Ce matin le ciel est bas avec une belle luminosité dans le lointain. Réveillé à 5 h 30 je suis parti le dernier un peu avant huit heures, il faut que je revoie mon organisation. Le soir j’ai la flemme de tout préparer, c’est évidemment une erreur, cela me prendrait un quart d’heure, alors que le matin dans le noir, à la frontale pour ne pas déranger ceux qui dorment encore, c’est beaucoup plus compliqué.

Une belle luminosité
Une belle luminosité

Hier soir petite douleur à la cheville gauche. Un Doliprane 1000, de la pommade à l’arnica et ce matin tout à l’air parfait. Mais cela a réveillé de mauvais souvenirs même si ce n’est pas exactement au même endroit. Peut-être le résultat d’une marche un peu trop rapide pour tenter de rattraper le temps perdu avec en plus le surpoids des achats au Supermarché. Au fait, je n’ai pas du tout aimé le « Brown bread » acheté en me disant que ce serait plus agréable que du pain de mie au petit-déjeuner, c’est acide, je l’ai laissé dans le frigo peut-être qu’il trouvera un amateur. Au moins cela m’allège.

Profil Besançon-Ivrea
Profil Besançon-Ivrea

Claude vient de m’appeler : il ne pourra pas être à Lausanne le vingt-trois comme prévu, une contrainte familiale de dernière minute. Il va essayer de me rejoindre en Italie. C’est dommage même si d’une certaine façon cela m’enlève de la pression. Si hier j’ai voulu foncer c’était aussi pour respecter ce rendez-vous. En fait j’avais sous-évalué le profil du Chemin. Quand on le regarde de près on distingue bien le « mur » de la Chapelle des Buis au départ de Besançon, mais surtout il y a cette énorme dent du col du Grand-Saint-Bernard à 2 469 mètres. Quand je pense qu’on se faisait tous peur à Saint-Jean-Pied-de-Port avec le col de Lepoeder à 1 430 mètres. Il va falloir ménager la monture et prendre son temps.

En chemin
En chemin

Petit problème collatéral, il devait me ramener quelques vêtements chauds supplémentaires, toujours cette crainte d’être bloqué par la neige. Je vais voir si je trouve ce qu’il me faut à Pontarlier ou même à Lausanne même si la Suisse n’a pas la réputation d’être bon marché.

Ce matin j’ai appelé un premier gîte à Mouthier-Haute-Pierre, il était complet, puis un second qui était libre, mais il ne propose pas de repas et je dois y être avant 16 h 30. Côté alimentation la Mairie de Mouthier m’a confirmé qu’il y avait un restaurant ouvert. Côté timing c’est à vingt-quatre kilomètres, donc faisable, et j’ai promis d’appeler avant 14 heures pour confirmer ou non en fonction de mon avancement.

En chemin
En chemin

Cette nuit il a plu très fort comme le suggèrent les branchages hachés sur la chaussée. Il pleuvine, une espèce de petite bruine, mais je suis bien à l’abri sous ma nouvelle cape qui s’est heureusement avérée bien étanche sous les déluges d’hier, par contre elle a l’air un peu plus grande et du coup je me sens moins au chaud dedans, peut-être est-elle plus aérée. Jamais content !

Hier j’ai découvert un commentaire sur mon site :

18 septembre 2013 à 15h23mn
Bonjour Pierre, je découvre votre récit et vos photos. J’ai, depuis longtemps, dans la tête ce voyage vers Compostelle… Je suis une randonneuse mais frileuse aussi. J’ai lu le livre de JC Ruffin qui a fait comme vous le Camino Norte et cela me donne envie de partir. Quelle est la meilleure période ? Merci de vos conseils. Nicole

auquel j’ai répondu :

Bonsoir Nicole
Toutes les saisons ont leur intérêt, mais il faut éviter la période d’affluence si vous en avez la possibilité. Moi c’était en octobre, septembre doit être plus sympa côté climat. Le printemps est sans doute plus beau mais souvent plus arrosé.
Bon, un peu une réponse de normand… consultez d’autres récits pour vous faire une idée.
En route pour Rome sur la Francigena je vous écris depuis du côté de Besançon et il fait un temps à ne pas mettre un pèlerin dehors 🙁
Cordialement
Pierre

En suivant le train
En suivant le train

Sur l’ouvrage aux qualités littéraires indiscutables que cite Nicole, les avis sont partagés. Il y a quelques jours une de mes hôtesses m’a confié qu’elle avait failli renoncé à son projet de départ pour Compostelle après l’avoir lu. Pour ma part je suis très réservé en ce qui concerne la vision du Chemin et des pèlerins qu’il propose, mais pour d’autres, comme dans ce commentaire, c’est le contraire, c’est un stimulant qui les lance dans l’aventure, comme quoi les sensibilités peuvent être très différentes. À chacun son Chemin et l’idée qu’il s’en fait.

Après les petites routes du départ, le Chemin s’est engagé dans la forêt où il a fallu emprunter une descente assez chaotique surtout par temps de pluie : ça glissait, ça dérapait, ça roulait sur les cailloux. Il y avait même des marches et un câble pour servir de rampe. Je ne sais pas si l’Allemand aurait pu y maintenir son cinq kilomètres à l’heure.

Le récit de mon Chemin de Compostelle au départ du Puy-en-Velay ainsi que celui par le Camino Norte sont désormais disponibles en livres vous pouvez les découvrir ICI.

Spider Jump
Spider Jump

Puis il a suivi une ancienne voie de chemin de fer transformée en sentier de rando. Cela peut paraître parfois un peu monotone, mais au moins il n’y a pas de fortes déclivités. On traverse d’anciens ouvrages d’art, un tunnel qui, luxe du luxe, s’éclaire automatiquement quand on y pénètre, puis un viaduc assez haut où est proposé du « Spider Jump », une sorte de saut à l’élastique. Très peu pour moi, mes pieds aiment sentir le plancher des vaches.

Arrivé à Ornans un peu avant dix heures je fais quelques courses au magasin ATAC à l’entrée de la ville. Il y a quelques années j’y avais visité le Musée Courbet en compagnie d’Hélène, c’était un peu vieillot, on aurait presque dit une brocante ou l’intérieur d’un vieux grenier, comme ces Musées tenus à bout de bras par des amateurs enthousiastes. Il était passionnant. Aujourd’hui il est passé à la vitesse supérieure, c’est désormais un bâtiment moderne, que je n’ai pas eu le temps de visiter, mais j’imagine que des muséologues ont dû le repenser entièrement.

La Loue à Ornans
La Loue à Ornans

La Loue est très haute, les branches des arbres trempent dans la rivière, il se dégage une impression de grande beauté, mais aussi d’une force irrépressible. Je suis ses berges et traverse les beaux villages de Vuillefans et de Lods. Le ciel est couvert, mais il ne pleut pas ce qui donne du courage.

Un bel endroit pour une pause
Un bel endroit pour une pause

J’arrive à Mouthier vers quinze heures trente, par la route, mon hôtesse m’ayant déconseillé de suivre le GR qui escalade les versants abrupts de la vallée. Très beau village, très belle maison, très bon accueil. La pluie a ses bons côtés, elle a fait fuir les Allemands qui occupaient le gîte ces derniers jours, me laissant une place inespérée, toute une maison pour moi seul. La dame ne tient ce gîte que depuis février et, sans doute pour développer son affaire, s’est très impliquée dans le tourisme local. Elle a rendez-vous pour une réunion sur ce sujet cet après-midi, raison pour laquelle je devais arriver tôt et pourquoi elle ne pourra pas me préparer de repas. Depuis son installation elle a reçu sept pèlerins. À Besançon ils en ont recensé sept cents sur toute la Franche-Comté et pour eux il y aurait une légère régression.

Le "Petit Chari" à Mouthier-Haute-Pierre
Le « Petit Chari » à Mouthier-Haute-Pierre

Au « Petit Chari », c’est le nom du gîte, on se sentirait déshonoré si on servait du pain de la veille et demain matin il faudra attendre l’ouverture de la boulangerie pour le petit-déjeuner. Ce sera donc un départ tardif pour Pontarlier qui, d’après les informations obtenues à Besançon, serait à plus de huit heures de marche avec une prise d’altitude de quatre cents mètres. J’espère y loger à l’Auberge de Jeunesse qui, selon mon hôtesse, est souvent pleine. D’après la météo il est même question de neige. Avec une cheville qui me tracasse un peu, tous les indicateurs sont optimums ! Bon, allez, on ne va pas encore se plaindre, l’étape d’aujourd’hui était splendide, demain il fera jour.

 

534 kilomètres parcourus depuis chez moi dont 23 aujourd’hui.

Ci-dessous une galerie de photos, d’éventuelles précisions sur des curiosités locales, la navigation vers les étapes suivantes ou précédentes et la possibilité de déposer un commentaire.

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