Via de la Plata : Retour de Santiago

Me voilà de retour de mon périple sur la Via de la Plata.

Parti le 2 septembre de Séville sous un soleil torride je suis arrivé le 29 à Saint-Jacques-de-Compostelle sous une pluie plus que fraîche.

Voilà qui résume bien ce chemin qui, en cette saison, débute dans les plaines brulantes de l’Andalousie puis de l’Extremadura et nous mène progressivement à la Galice au climat océanique rappelant par ses paysages à la fois la Bretagne et les Cévennes mais avec quelques palmiers par-ci par-là.

Le premier jour je n’ai pas hésité à me donner comme but Castilblanco de los Arroyos à quelques 41 km de Séville. Si la distance ne me posait pas de problème j’avais compté sans la chaleur, sans l’absence d’ombre.  L’erreur du débutant ! L’après-midi fut rapidement un enfer. J’ai cru un moment devoir bivouaquer sur le sentier à l’ombre d’un des rares arbres tant j’étais épuisé, déshydraté. Une fois passé Guillena à 22 km de Séville il n’y avait plus d’étape alternative possible à moins de se diriger vers une des rares haciendas visibles depuis le chemin, tout au moins le vague croquis de mon guide ne m’indiquait pas de village proche. Passé 17 h marchant un quart d’heure, me reposant un quart d’heure j’ai fini par atteindre Castilblanco peu avant 21 h. Il me faudra plusieurs jours pour m’en remettre, pour me réhydrater correctement. Si dans certains pays il faut s’habituer progressivement à l’altitude, ici il faut s’acclimater, donner du temps au corps pour s’adapter à cette température, pour qu’il accepte de faire un effort dans ces conditions. Par la suite je ferai des étapes de 45 à 50 km sans problèmes. Il m’a fallu trouver le mode d’emploi, j’allais dire de survie mais il ne faut pas non plus exagérer. Certains se contentent de marcher le matin, à la fraîche d’autres s’ennuient l’après-midi et préfèrent avancer. A chacun son Chemin. Il faut dire que ce trajet est celui des multirécidivistes. Les pèlerins que j’y ai rencontrés avaient pour la plupart déjà fait tous les Chemin, Camino Frances, Norte, Arles, Le-Puy, … avec les variantes et quelquesfois à plusieurs reprises. Ce sont souvent des marcheurs aguerris. En cette saison nous étions peu nombreux, il m’est arrivé d’être seul dans les albergues. On rencontre aussi pas mal de cyclistes eux aussi souvent chevronnés.

J’aime ces paysages désertiques, ces longues heures seul à marcher sous le soleil, entrecoupées de pauses ou d’une petite sieste sous un olivier, un chêne liège ou à l’abri d’une vigne. Le souvenir des Romains nous accompagne et parfois on peut s’imaginer sur un char en train de remonter la via de la Plata dont on foule les vestiges.

Le 15 septembre fut une date pivot dans ce voyage, exactement à mi-parcours tout au moins en durée. Peu avant Salamanque, dans la descente du Pico de la Doña, je fais une chute. Cette descente n’est pas particulièrement à pic mais je trébuche et, comme si je m’étais pris les pied dans un tapis, mes deux pieds restent coincés ; en une fraction de seconde je me retrouve face contre terre, projeté en avant par le poids du sac. J’ai eu de la chance, rien de cassé, la face en sang mais rien de grave. Pas de perte de connaissance. Le front protégé par mon chapeau s’en tire avec une petite entaille, le nez est un peu écrasé mais entier. Coup de chance (?) quelques jours avant j’avais perdu mes lunettes ! Le problème vient de ma main gauche qui par réflexe a voulu amortir la chute mais a rencontré une pierre plus dure qu’elle. Elle est en sang. Je pense un moment continuer l’étape comme ça en nettoyant mes blessures mais je m’aperçois que ma main est bien entaillée, pleine de terre et que je suis dans un nuage de mouches. Je descends jusqu’à rejoindre une route et j’arrête la première voiture qui passe (au bout de 20 minutes ! ) ; le conducteur me propose spontanément de m’emmener aux urgences à l’hôpital de Salamanque. J’y suis immédiatement et très gentiment pris en charge « Un peregrino se ha caido ». Ma main est recousue (2 points) et ma figure s’orne de pansements. Dans la rue une petite fille arrive vers moi en courant et repart se réfugier derrière ses parents dès qu’elle me voit : je suis Elephant Man. A part ça, les jambes et le dos vont bien, et, passé un instant de doute, c’est décidé je continue. Le soir le docteur qui m’a soigné passe à l’auberge pour prendre de mes nouvelles, je vous le dis : très attentionnés. Le lendemain je repars et pendant une semaine, parce qu’en plus j’aurai un début d’infection, j’avance ainsi d’hôpital en hôpital (les « Centro de Salud ») où je suis toujours reçu avec la même gentillesse. A chacun son Chemin … Que tout le monde se rassure, je ne suis pas défiguré et ma main se porte bien, elle peut au moins tapoter sur un clavier 😉

Ce 15 septembre est aussi une date charnière parce qu’à Salamanque je rencontre ma première pluie. Je ne vais pas me plaindre, en tout je n’aurai que 3 jours de pluie mais symboliquement cela marque le passage vers un autre Chemin, moins aride, progressivement plus « montagneux » (j’allais écrire « accidenté » !) et aussi plus fréquenté avec des auberges en plus grand nombre.

A Santiago je ne retrouve pas l’émotion des premières fois. En cette « année sainte » la ville est envahie de groupes de pèlerins non marcheurs, pour entrer à la cathédrale il faut faire la queue avec filtrage de sécurité et les sacs à dos sont interdits (!!) ; de plus la nef centrale y est en travaux (pourquoi cette année justement ?). C’est surtout dommage pour ceux qui ne l’ont pas connue autrement mais pour eux c’est la première fois et l’émotion doit être bien présente, entière.

Voici donc mes premières impressions en attendant un compte-rendu plus détaillé, mais d’abord il faudra que je termine le récit du Camino Norte, je vais essayer de ne pas tout mélanger !

Pour ceux qui voudraient connaître de nouvelles émotions ou donner un but à leur parcours  j’ai rencontré sur le Chemin André Weill qui participe à l’organisation d’une marche de Compostelle à Cordoue dans le cadre de l’Année internationale du rapprochement des cultures. Vous pouvez en savoir plus en cliquant ICI.

41 réflexions au sujet de “Via de la Plata : Retour de Santiago”

  1. Pour Edith
    Bonjour Edith,
    Vous pouvez probablement trouver un découpage du trajet avec des étapes de moins de 40 km. J’y ai croisé des pèlerins qui faisaient un maximum de 30 km par jour, souvent moins.
    Cherchez sur le web vous y trouverez surement d’autres suggestions.
    Cordialement
    Pierre

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  2. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Bonjour,
    Je suis entrain de rechercher des infos sur le camino de la Plata, j’ai le projet de le faire en 2014. Il me fait un peu peur vu les étapes si longues! Peut-on les raccourcir?
    J’ai cheminé sur le Camino Francés en partant depuis le Puy-en-Velay le 4 mai et je suis arrivée le 24 juillet à Muxia. Les étapes étaient moins longues…
    Votre récit m’intéresse et va m’aider à me décider.
    Cordialement
    Edith

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  3. Pour Michel
    Bonjour Michel,
    Bruxelles-Santiago, voilà qui paraît bien tentant d’autant plus que je suis un peu belge, une de mes grand-mères était de Bruges.
    Buen futur Camino
    Cordialement
    Pierre

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  4. Merci Pierre
    Bonjour Pierre,
    Un grand merci pour vos récits et vos très belles photos. Après avoir fait le camino francès depuis Saint-Jean-Pied-de-Port en 2004, j’avais envie depuis longtemps de repartir. Cette année, après 5 années très difficiles tant sur le plan familial que personnel et professionnel, j’ai décidé de reprendre mon bâton de pèlerin et je commence à me préparer car, je termine enfin le travail le 31 décembre et je compte démarrer en mars 2013 depuis Bruxelles jusqu’à Santiago via Paris-Tours-Bordeaux et puis le Camino del Norte. Par rapport à l’existence d’une puissance supérieure, je suis, je pense, dans le même état d’esprit que vous mais, je sais d’expérience que la marche en général et le Camino en particulier nous apportent beaucoup, nous font évoluer. Au plaisir de vous lire et de vous relire ! Buèn Camino ! Michel.

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  5. Bonjour Édith et Serge
    Je dois avouer que j’ai hésité à publier votre dernier commentaire, vous allez vous épuiser, et moi avec, à jouer les chevaliers blancs et affronter tous ceux qui ne sont pas de votre avis.
    Il faut être bien clair, je ne suis pas croyant, je n’ai pas fait ces Chemins dans un but spirituel ; j’ai fait le premier comme un défi personnel et les suivants parce que cela m’avait plu tant du point de vue physique que de celui des rencontres (avec croyants ou non, pèlerins ou randonneurs…). Toute action entraîne une évolution personnelle, donc le Chemin m’a fait évoluer peut-être même m’a transformé, mais je ne suis pas devenu croyant pour autant, ou alors croyant dans une humanité universelle aux facettes multiples. Aurais-je évolué de la même manière sur un autre parcours ? Probablement non car il y a là un contexte bien particulier dont la composante « religieuse » est importante parfois, en ce qui me concerne, un peu irritante dans ses excès, mais souvent propice à une ambiance de recueillement, de méditation ; l’élément « durée » que l’on peut trouver sur un autre parcours est également structurant, peut-être même le plus fondamental, élément dont se privent, et je le regrette pour eux, tous ceux qui sont obligés de « tronçonner » leur voyage.
    J’aime bien la phrase de Serge « peut être que, au milieu des petits sacs un vrai pèlerin sommeille ». C’est vrai que les petits sacs prennent aux gîtes des places aux gros sacs. Mais qu’y faire ? Réglementer ? Contrôler ? Ces mots ont tendance à me faire fuir (cela en ferait déjà un de moins !). Si ce n’est qu’un effet de mode il passera, si c’est un besoin plus profond apprenons à vivre ensemble avec bienveillance, apprenons à nous connaître, à nous comprendre. C’est un des enseignements que j’ai reçus de ce périple.
    Cela dit, Édith et Serge, je souhaite que vous trouviez la paix par rapport à cette question et j’espère avoir le plaisir de vous retrouvez ici et que vous nous ferez part de vos expériences sur le Chemin.
    Buen Camino à tous les « pèlerins » de bonne volonté.

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  6. INTOLERANCE ???
    Bonjour,

    Il nous semblait avoir précisé que nous n’étions pas des « ayatollahs » de la Pensée Jacquaire et encore moins les gardiens de celle du Chemin (merci de bien relire nos messages et en particulier le début du premier).
    Nos propos semblent révulser nombre de personnes.
    Le but n’était – bien évidemment – pas celui là !!!
    Nous sommes meurtris de voir à quel point notre pensée est déformée et mal interprétée … (à moins quelle ne le soit volontairement ( ?) par des personnes se sentant directement visées dans la description susdite …)

    Nous nous permettons de rappeler les définitions suivantes:
    «Randonnée : C’est une activité de plein air consistant en une promenade de longue durée que l’on fait à pied, à bicyclette, à cheval, à skis, etc. … sur un circuit le plus souvent balisé. La randonnée est à la fois un loisir de découverte et une forme d’exercice physique. »
    «Pèlerin : Personne qui a entrepris un voyage vers un lieu de dévotion dans un esprit de piété »

    A lire les réactions qu’occasionne le simple fait de décrire UNE réalité démontre à quel point l’intolérance est une « valeur » partagée par beaucoup !!!
    Cela confirme que prendre le ou les Chemin(s) est devenu (par la faute aux médias ???) un lieu à la mode que beaucoup se croit obliger de parcourir pour être comme on dit « dans le vent »

    A tous les « tenant de la vérité et de la bien pensance* » je vous renvoi à la lecture ci-dessous ;
    * Le terme de bien-pensance est principalement utilisé pour stigmatiser le politiquement correct de certaines catégories d’intellectuels, mais il peut également désigner un environnement social aliénant dans lequel règnerait la pensée unique et le terrorisme intellectuel.
    Lettre N°52 – Hospitalité St-Jacques – Drôle de Pèlerinage
     » Il apparaît plus plaisant de profiter du chemin que d’espérer des fruits de sa rencontre avec Saint Jacques. »
    Extrait de la Lettre N°52 du mois de novembre 2010
    Hôtes de pèlerins et de marcheurs se croyant pèlerins, nous ne cessons de nous étonner devant les formes multiples que prennent leurs pérégrinations. Si chacun, on le comprend aisément, ne peut disposer du temps nécessaire pour effectuer l’intégralité du trajet jusqu’au sanctuaire, le modèle référentiel reste de partir de chez soi, de manière non motorisée, pour gagner Compostelle d’une traite.
    Si le nombre de tronçonneurs est en augmentation (surtout les tronçonneuses !), on constate des trajets plus courts (crise économique ?) et souvent dans le désordre : on « fait » l’Espagne, puis un morceau en France que l’on complète l’année suivante par un « Le Puy-Conques » parce que c’est très joli !
    La dynamique du pèlerinage en est bouleversée, comme si les marcheurs en avaient perdu le sens, croyant, peut-être, qu’il suffit de marcher sur le sentier de Saint Jacques GR65 pour être vraiment pèlerins.
    L’utilisation de véhicules motorisés, pour le transport des personnes ou des bagages par des sociétés commerciales et la pratique des réservations d’hébergement compromettent quelque peu la fraternité pèlerine.
    Il ne s’agit pas, évidemment, d’établir des classements bien illusoires entre randonneurs et pèlerins, mais de constater un certain appauvrissement du sens du pèlerinage chrétien, de son esprit de simplicité et de sa tension continue d’espérance du sanctuaire.

    A force de rabâcher à l’envi que « l’important c’est le chemin », on en perd l’orientation spirituelle en estompant le but en faveur du moyen : en d’autres termes, il apparaît plus plaisant de profiter du chemin que d’espérer des fruits de sa rencontre avec Saint Jacques. Cet hédonisme bien peu spirituel, aboutit à nier le sanctuaire et les grâces que l’on y obtient à s’y rendre en esprit de foi.
    S’il existe bien des manières d’arpenter le chemin de Saint Jacques, presque toutes bénéfiques, l’expérience des siècles passés nous révèle avec constance les extraordinaires dons reçus par un cheminement de pèlerin authentique : là, il s’agit d’une rencontre de foi avec un apôtre du Christ, témoin de sa résurrection, qui peut nous obtenir l’aide et la miséricorde de Dieu.
    L’Année Sainte nous a rappelés que ce chemin de sainteté offert par l’Eglise catholique était source de grande joie pour ceux qui y recherchaient l’espérance du Salut : tant qu’il y aura des pèlerins !…
    …/…
    Retrouvez le texte complet de la lettre N°52 d’Estaing en suivant le lien ci-dessous
    LETTRE N°52
    ICI
    http://www.webcompostella.com/Lettre-N-52-Hospitalite-St-Jacques-Drole-de-Pelerinage_a583.html

    Encore une fois, nous nous excusons – auprès de Pierre ALGLAVE d’avoir utilisé, « pollué » et « obscurci » son site.
    Nous ne viendrons plus « ici » pour échanger et consulter en vue de nos prochains « pèlerinages » préférant laisser entre eux les « pèlerins nouveaux » ou « en devenir » !!!
    Dommage, car ce site est très bien conçu …
    ULTREIA !!!

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  7. Simple ressenti
    Bonjours à tous, un petit commentaire sur vos commentaires.
    Je viens de parcourir le blog de David HUMEZ et en suivant les liens, j’entre sur celui de Pierre et plus particulièrement sur le commentaire de Serge et Edith
    En moins d’une minute je suis passé du soleil à la pénombre.
    Merci à Pierre pour sa pondération et son réalisme, nous seront de plus en plus nombreux sur cette terre et le partage est inévitable.
    Même si je comprend l’agacement de Serge et Edith, peut être que, au milieu des petits sacs un vrai pèlerin sommeil ?.
    Vététiste du coté de L’abbaye de Cîteaux, je les croise souvent en toute convivialité et l’échange a toujours été au rendez vous.
    Ceci n’est qu’un simple ressenti au regard de vos
    commentaires

    Bon chemin à vous tous

    Roger (non pèlerin, mais peut être en devenir)

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  8. Pour Edith, Hélène et Serge
    Le sujet est épineux est mérite réflexion et débat. Je ne pense pas qu’il sera résolu ici. Merci à tous d’avoir exposé et développé vos points de vue.

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  9. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Loin de nous l’envie de polémiquer sur le sujet avec Hélène.
    Nous respectons son point de vue, et elle est libre d’interpréter nos écrits comme bon lui semble.
    Nos propos ne sont pas si terribles qu’Hélène semble les ressentir. Nous ne mettons personnes en cause directement si ce n’est une affluence qui n’a rien à voir avec l’esprit du Chemin.
    Mais, nous ne pouvons pas laisser dire que nous faisons preuve d’ostracisme en décrivant une réalité.
    Nous aussi avons côtoyés, durant nos Chemins, des gens charmants et fort sympathiques, dont certains ont reconnus venir pour voir, d’autres pour randonner, mais sans bagages, retrouvant ces derniers dans les albergues, toutes réservées du premier au dernier jour.

    En 2008, nous avons été témoin, sur une étape, d’une situation pour le moins curieuse ; un groupe d’Allemands ont été débarqués d’un bus avant Logroño (20 personnes ~) tous munis d’une musette avec le casse-croute et … une coquille bien en évidence.
    Nous les avons distancés rapidement.
    Les « marcheurs » visiblement peu fatigué et peu au fait des us et coutumes des lieux de repos Jacquaires ont gracieusement « meublés » la soirée de leur cris et autres chants jusqu’au moment ou l’hospitalière, de l’albergue municipale de Logroño, est montée pour mettre un terme aux festivités (il était 22h00)
    Bien plus tard, nous avons eu la surprise de les retrouver, un soir, dans l’albergue privée de Molinaseca, où nous étions arrivés peu de temps avant eux. Nous avions des étapes de 32/35 km de moyenne/jour.
    Nous étions quelques pèlerins à aimer se retrouver le soir dans les mêmes refuges.
    Certains ont été très étonnés de les voir arriver le même jour que nous. Ils ne nous avaient pas donné l’impression de progresser à une allure permettant d’être à cet endroit au même moment que nous.
    Leurs bagages (valise essentiellement, avec sèche cheveux pour certains !!!) encombraient le hall. Ils sont arrivés tout frais et dans le même état d’esprit qu’à Logroño
    Plusieurs de nos compagnons de rencontres (portant leur sac) ont du poursuivre leur chemin faute de place dans les deux albergues de la ville (les places ayant été réservées à l’avance par … un tour-operator !!!)…
    Ici aussi, le patron des lieux à du calmer l’ardeur de ces « pèlerins »
    Le lendemain matin, ils se sont tous levés à 5h00, réveillant au passage le restant des occupants. Pour finir, par être encore là, au moment du départ des autres personnes, vers 7h00 !!!
    Nous ne pensons pas que ce soit là une « démarche spirituelle ou un chemin intérieur »
    Tout au plus de la curiosité ou des vacances à moindre frais.
    Pourquoi ne pas randonner sur les très nombreux chemins ou GR, plus classiques, sur lequel ces personnes trouveraient certainement ce qu’elles cherchent ?
    Peut-être parce que le portage des bagages est inexistant ???

    Ceci n’est qu’un aperçu de ce que nous avons moult fois vu, entendu et vécu au long de nos pérégrinations.
    Qui n’a pas vu des gens descendre des voitures et sortir leur sac des coffres à quelques distances d’albergue afin d’y être hébergés et se faire apposer le « sello » sur la Credencial ?
    Qui n’a pas vu des piles de crédential, dans une même main, se faire tamponner à la chaine par un hospitalier peu scrupuleux ?
    Oui, sur le Chemin, les marchands du temple existent encore…
    Il faut faire avec, malheureusement. Nous persistons en disant que cela dénature l’esprit de ces lieux.
    Il n’y a aucun mépris dans nos écrit, certes NON.
    D’ailleurs, l’Evêché de Santiago réfléchi actuellement pour trouver une solution à ces dérives.

    Hélène, sans vouloir vous blesser, nous ne pensons pas, une seule seconde, qu’au moyen-âge, et dans les conditions d’alors (au combien plus dures, voire terribles qu’actuellement), beaucoup de personnes parcouraient ces Chemins dans un but « touristique ». Faire un Chemin n’est pas si aisé que cela. Ceux qui le faisaient pour obtenir des indulgences, avaient amplement mérité de les obtenir une fois parvenus au terme de leur Chemin.
    Nous ne dirons pas qu’elles étaient « facilement acquises » !!!
    Les Coquillards et autres profiteurs ne parcouraient certainement pas de longues distances pour guetter et profiter des humbles pèlerins d’alors dont beaucoup y laissèrent leur vie.
    Nous vous souhaitons de poursuivre « Votre Chemin » dans les conditions qui seront les vôtres à ce moment là et de trouver ce pourquoi vous pérégrinez.

    Pardon Pierre pour utiliser ton site comme un « forum »
    Pardon à Hélène si nos écrits sont dérangeants !!!

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  10. Ostracisme
    Je trouve les mots de Serge & Edith fort dérangeants. Tout d’abord, non, je ne marche pas. Ce qui n’empêche pas d’avoir, selon l’expression consacrée, un « chemin intérieur ». Je compare vos mots avec un vécu antérieur dans le monde de la musique classique où les purs et durs professionnels détenaient la vérité et frappaient d’ostracisme plus ou moins violent la lie des amateurs, pourtant souvent plus qu’eux porteurs d’émotion. Alors oui, comme le fait ressentir Pierre, suivre son chemin en y incluant les autres, bravo. En les excluant avec mépris, diantre non ! La spiritualité est en soi, si je ne m’abuse ?
    De plus qui au monde peut affirmer qu’au Moyen-Age, les divers chemins n’étaient pas également empruntés par des touristes d’époque, en quête d’indulgence facilement acquises, de marcheurs intéressés, de pilleurs et de squatteurs d’époque de tout poil ?

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  11. Bonjour Edith et Serge
    Le point le plus facile, les punaises de lit. Il y en a malheureusement sur tout les chemins, Frances, Norte et Plata. En fait elles arrivent puis voyages avec les pèlerins. C’est un vrai problème. Pour ma part je n’en ai jamais souffert mais cette année j’ai attrapé une (ou plusieurs) puce(s) que j’ai ramené chez moi mais qu’heureusement j’ai réussi à éradiquer assez rapidement. Sur le Chemin il est difficile de décontaminer ses affaires notamment le duvet. Mais il m’est aussi arrivé d’en ramener du métro…

    Pour ce qui est des vrais et faux pèlerins ou du caractère authentique du Chemin je pense qu’il faut se faire une raison, le Chemin n’est plus ce qu’il était au Moyen-Age et ne sera plus bientôt ce qu’il était il y a 10 ans ou même hier. Il vit. Sur la via de la Plata (et oui là aussi il y en a) j’ai croisé des « Tourigrinos » et une fois passé le premier reflexe de rejet (de ma part) nous avons sympathisé. Au risque de paraître prétentieux je dirais qu’ils étaient admiratifs de la manière dont les gens comme moi font le chemin. Peut-être ai-je eu de la chance, suis-je bien tombé. Bien sûr moi aussi je préfère marcher dans le calme et en solitaire, mais puisqu’on est sur ce Chemin, autant le prendre comme il est et avec lui ceux qui le parcourent. Accepter ce côtoiement peut faire partie de la démarche « spirituelle ». Il y a des sentiers et du goudron, des villages et des grandes villes et un tas de gens différents, comme dans la vraie vie.
    Buen Camino en 2012.

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  12. Via de la Plata
    Bonjour Pierre,

    Nous sommes de retour sur ton site.
    Tes commentaires nous entrainent irrémédiablement vers ces espaces et ces chemins qui nous permettent un voyage intérieur.
    « Chacun son chemin » dis-tu.
    C’est vrai, mais combien le font pour le coté touristique à la mode ???
    Certes, le Chemin n’appartient à personne en particulier, d’autant plus que certaines parties se font sur des GR.
    Mais il représente un état d’esprit !
    Nous marchons vers « ce quelque chose qui n’a pas toujours de nom », mais que beaucoup disent avoir tutoyé : cette atmosphère particulière, que l’on ne trouve nulle part ailleurs, que les siècles et les millions de pèlerins ont façonné.
    Nous pensons qu’il faut conserver à ces Chemins leur caractère « spirituel ».
    Par spirituel, nous entendons la quête de sens et les démarches qui s’y rattachent, cela peut s’entendre également « hors de Dieu (spiritualité laïque) »
    Il ne faudrait pas que pour des raisons économiques (tant en France qu’en Espagne) le (les) Chemin(s) perde(nt) son (leur) identité.
    Cette année, sur le notre (Vézelay-Camino Del Norte et Primitivo) nous n’avons pas rencontré beaucoup de ces randonneurs.
    En revanche, quel choc lors de notre retour sur le Francés à Melide !!!!
    Pèleristes (petit sac et grosse coquille) et autres Tourigrinos (pas de sac du tout) étaient légion.
    Dans les albergues, certains pèlerins ne trouvent pas de place du fait de cette affluence
    Un ami pèlerin Québécois appelle cela « La parade des petits sacs » !
    Nous sommes nombreux à penser que cela pollue le caractère de ces lieux.
    A notre arrivée au bureau des pèlerins, nous avons eu à compléter un questionnaire. Dans ce dernier, une phrase nous a dérangée.
    Elle posait la question du « TOURISME » sur le chemin …
    Tout cela est fort regrettable.
    Au-delà de Santiago, tout redevient serein.
    En lisant tes propos et en regardant tes photos sur la « Via de la Plata » une irrésistible envie de repartir nous envahie.
    Cette voie est certainement la plus confidentielle de toutes. Propice à la réflexion et le retour sur soi.
    Malheureusement, il nous faudra attendre 2012.
    Peut-être en avril ou en suivant tes conseils, début octobre ???
    Tes avis sur les étapes (distances), lieux de repos, de culte, de visite nous serons précieux.
    Nous avons entendu dire que cette voie, les punaises de lits sont présentent.
    Qu’en est-il exactement ???

    Merci Pierre de nous faire rêver …
    ULTREIA

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  13. Via de la Plata
    Bravo Pierre et encore merci pour ces récits toujours aussi passionnants ; voilà un moment que je n’étais pas venue vous « rencontrer », mais quel bonheur de retrouver votre plume
    ..Merci et continuez à faire notre « grande admiration »
    Bien cordialement
    Annick

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  14. RE : Via de la Plata
    C’est difficile d’être, de loin, un patchwork de toutes ces « vedettes », c’est vrai qu’il faudrait devenir soi. Merci Jean-Pierre pour ces compliments et vos encouragements à développer ces petits talents révélés par le Chemin, un jour peut-être …

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  15. Via de la Plata
    Bonjour Pierre,
    J’ai découvert votre site récemment; je suis impressionné!
    Je perçoit chez vous un étonnant mélange de Jean-Claude Bourlès (pour l’expèrience du chemin et l’écriture), de Bernard Ollivier (pour les qualités de marcheur) et de Nicolas Bouvier (pour la photographie et l’écriture);
    Sortez du chemin de compostelle et racontez nous d’autres aventures ! Avec tous mes encouragements;

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  16. Bonjour Martine et Jacques
    Content de vous savoir arrivés à bon port même si ce port n’était pas aussi accueillant que prévu.
    Je me souviens très bien de ce repas chaleureux à Cubo del Vino, il y avait également un grand Hollandais dont je n’ai pas noté le nom et avec qui j’ai fait un bout de chemin. Le lendemain ce fut les chemins boueux et pas mal de pluie jusqu’à Zamora mais malgré tout probablement plus intéressants que de suivre la grand-route comme certains le conseillaient par temps de pluie.
    Au plaisir de vous lire.
    Buen Camino

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  17. à la sortie du chemin …
    Bonjour Pierre,
    Nous avons le souvenir furtif d’un Français sympa mais « enrubanné » rencontré à l’albergue de El Cubo del Vino. Heureux de savoir que tout s’est bien terminé pour toi, le 29 septembre…chapeau l’artiste ! Comme toi, déçus par la Cathédrale, qui ne semble plus être faite pour accueillir les pélerins à pied. Quant aux échafaudages, à l’intérieur et sur la Plaza, au Portail de la Gloire cadenassé … en 2010, il fallait y penser !
    Nous reviendrons sur ton site avec plaisir.

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  18. chapeau le marcheur!
    ça me laisse vraiment rêveur ….ce chemin semble avoir été très physique.
    Outre l’exploit, on espère que les rencontres ont été enrichissantes.
    content de te savoir (presque) parmis nous

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  19. Bonjour François
    Tant que tu n’as pas essayé tu ne connais pas vraiment tes possibilités, il y a trois ans je n’aurais jamais cru pouvoir marcher sur de telles distances. Par ailleurs ce n’est pas non plus le but, à chacun de trouver ses « ressorts ».

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  20. felicitation
    chapeau Pierre , encore une fois tu m’épate ,ça me donne envie de partir , mais je doute de pouvoir faire autant de km en si peu de temps.
    bravo et j’attends avec impatience tes récits.

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  21. Bonjour Irène
    C’est vrai que ce n’est pas facile d’envisager puis éventuellement d’accepter de renoncer, mais ces petits soucis rappellent que ce n’est pas joué d’avance, c’est un voyage, une aventure, il y a une part de risques, de chance, on ne gagne pas à tous les coups et puis aussi qu’il est parfois inutile de s’entêter et de mettre sa santé en danger. Bon rétablissement pour ton entorse.
    Peut-être devrais-tu recommencer d’ailleurs (Vézelay, Le Puy, Arles,…), refaire le même chemin ou à peu près est moins motivant.

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  22. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Bravo Pierre. Quel exploit! Tu es une fois de plus arrivé au bout. J’admire, vraiment.
    Moi, je me suis arrêtée à Nantes, rhume, petite entorse, aucune motivation. Ce n’était pas mon année. J’ai eu l’humilité de l’accepter et de rentrer chez moi.
    Je vais continuer à suivre tes récits avec beaucoup d’intérêt. A bientôt

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  23. Bonjour Monyclaire
    Je suis content que l’on évoque le corps, souvent on parle de l’esprit mais si l’esprit change c’est probablement par cette volonté d’agir en harmonie sur le corps.

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  24. Merci pour ces commentaires qui nous font, un peu,vivre le chemin.
     » tester ses limites », c’est, je crois, ce qui me motive le plus sur le chemin. J’ai(re) découvert que le corps a des réserves exceptionnelles et que nos limites ne sont souvent qu’apparence, il faut avoir la volonté d’aller au-delà…

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  25. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    30 km et vingt cinq degrés, ce sont mes limites ! Alors, chapeau bas, je me rends compte de ce que représentent tes journées. … Le désert aide.

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  26. Pour François
    Bonjour François,
    C’est vrai que cette vie est simple, se résume au minimum manger, se laver, dormir, marcher, etc et beaucoup de temps à soi. Une bulle hors du quotidien mais ce n’est pas non plus, pour moi, une baguette magique qui résout tous les, mes, problèmes comme dans une illumination. C’est comme l’éclairage du soleil qui change en fonction de l’heure, (le photographe me comprendra) imperceptiblement on voit les choses différemment et quelque fois on ne s’en aperçoit même pas ou beaucoup plus tard.

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  27. Pour Florence
    Bonjour Florence,
    les kms c’est comme l’appétit certains sont vite comblés, moi il m’en faut pas mal mais j’en connais d’autres encore plus gourmands, l’essentiel c’est d’être rassasié. Inutile d’attendre une autre vie, elle risque d’être pareille ou pire.

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  28. Pour Jean-Louis
    Bonjour Jean-Loius,
    Comme Monsieur Jourdain peut-être suis-je tout cela sans le savoir. Mon plaisir reste essentiellement la marche, les rencontres un certain dépassement de soi et la joie du partage.

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  29. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    bonjour Pierre,

    content de te savoir de retour. Le cheminement intérieur est aussi intéressant que celui sur la route. Je te remercie de tes commentaires. Le calme, la sérénité … On est loin de notre quotidien.

    A bientôt

    François

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  30. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Bonjour Pierre. Heureuse de voir que tu es de retour en entier et près à nous faire partager ton pérpiple avec l’émotion habituelle!
    Peut-être que dans une autre vie ,je pourrai faire autant de kms que toi! Bravo.
    Florence.

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  31. quête
    Merci de me faire partager cette quête. Depuis que je vous lis, je sens chez vous l’ aventurier, l’ explorateur, le sociologue, l’observateur, et … surtout, le journaliste ! Car vous êtes curieux avant tout, et avide de percer l’inconnu, que vous devinez. Pour témoigner. Dans une sorte de défi raisonné, pour le faire vivre aux autres Ce que vous n’avez pas vécu n’existe pas; vous êtes dans le vrai, l’authentique. Sans doute ne savez-vous pas exactement ce que vous cherchez, mais… vous le cherchez ! Et c’est bien là, l’essentiel ! Mais où s’arrêtera-t-il ? doivent penser ceux qui vous suivent… Il me semble que très simplement, vous éprouvez le besoin de vous sentir vivre dans un appel qui vous pousse, sur le Chemin. Toujours, avec le même but, même si vous avouez ne pas être « un vrai croyant »…

    Continuez. Cordialement. J-L L

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  32. nouvelles
    BONJOUR Pierre
    tu es toujours aussi impressionnant.
    c’est vraiment un grand plaisir de te lire.; on se régale. Tu es un type bien
    a bientôt
    robert

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  33. Pour Béa
    Dans les précédents récits j’ai un peu mis en cause cette expression, « Chacun son Chemin », qui donne parfois lieu à ce que je pense être des dérives, l’excuse pour faire n’importe quoi, mais sur le fond c’est nécessairement la réalité, chacun fait son propre Chemin qu’il le veuille ou non, on vit tous les jours.

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  34. Pour Françoise
    Bien content de te retrouver ici.
    Pour la cathédrale, j’ai entendu parler de cette venue du Pape mais ils auraient pu s’y prendre plus tôt. J’ai lu que c’était pour le 6 novembre. Espérons que ce sera terminé pour lui. Dommage pour les simples pèlerins.

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  35. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Bravo Pierre pour cette « mise en bouche », qui me donnne franchement envie d’en savoir plus!
    J’aime beaucoup « Chacun son Chemin »que tu répètes plusieurs fois.
    De toute façon, le Chemin est intérieur…
    A bientôt

    Béa

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  36. Re: Via de la Plata : Retour de Santiago
    Welcome home, Pierre..je suis toujours aussi impressionné par le nombre de kms « avalés » par jour…
    Bravo…et je vois que rien ne t’inquiète…
    Quant aux travaux de la cathédrale de Santiago, peut etre est ce pour la venue du Pape prévue à l’automne , je crois…
    A bientot
    Francoise

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