Vers San Sébastian sur le Camino del Norte – Mes Chemins de Compostelle

Vendredi 18 septembre,
31e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 838 kilomètres

San Sébastian
De Irun à San Sébastian

Départ de l’auberge d’Irun sous une pluie battante qui consentira à s’apaiser, non pas s’arrêter, uniquement ce soir à San Sébastian. Une demi-heure plus tard ce ne sont plus des chaussures mais des bassines à moitié pleines que mes pieds vont devoir traîner jusqu’au bout de l’étape. Un succession de côtes très raides avec des chemins escarpés, glissants où je me retrouve plusieurs fois sur les fesses, des descentes qui mériteraient un escalier avec rampe mais des paysages magnifiques toutefois entachés par le mauvais temps. A l’arrivée je suis beaucoup plus fatigué qu’après une longue étape, épuisé avec en prime un fort mal au dos sans doute dû aux descentes et aux kilomètres accumulés les jours précédents.

Voilà ce que pourrait-être le résumé catastrophique de cette journée de prise de contact avec le Camino Norte. Il faut vite arrêter son imagination qui se met à envisager la répétition désespérante de ce scénario pendant les quelques 800 km restants. Je lui préfère mille fois celui d’une route sans fin sous un soleil de plomb dans les Landes ! Ne nous plaignons pas, j’apprendrai ce soir que, suite à ces pluies exceptionnelles, Bayonne et sa région ont été inondées ; tout compte fait on était sûrement mieux dans les hauteurs qu’en plaine.

Donc hier traversée de la ville puis escalade de la montagne en direction du sanctuaire de Guadalupe sous des trombes d’eau. Très rapidement j’ai les pieds trempés puis les chaussures pleines d’eau. A chaque pas je sens mes pieds qui clapotent et l’eau qui bascule de l’avant à l’arrière et inversement, c’est très inconfortable, un peu angoissant (à quand la première ampoule ?) et culpabilisant (quelle idée de renvoyer les guêtres !). Christian lui a sagement revêtu un pantalon de pluie qui recouvre largement ses chaussures, il arrivera les pieds secs. Il faut choisir, voyager léger ou avoir les pieds secs. Quand nous arrivons au sanctuaire une pèlerine est en train de remettre sa cape puis le quitte. Nous profitons un moment du préau qui entoure le bâtiment pour nous reposer à l’abri. Impossible de visiter l’intérieur, c’est fermé, quelqu’un sort, on essaye de négocier, rien à faire. Au loin on aperçoit Irun et Hendaye autour de l’estuaire de la Bidassoa. J’ai peur que ce soit une journée sans photo, chaque tentative met en péril l’appareil.

Nous reprenons la route, pas d’accalmie en vue. Plus loin nous retrouvons la pèlerine. C’est une bonne marcheuse, il nous a fallu longtemps pour arriver à son niveau, c’est une Française, nous nous saluons mais nous comprenons qu’elle préfère continuer seule.

Vers midi nous sommes en vue de Pasajes de San Juan le village où nous allons devoir traverser en barque un estuaire très encaissé. La route cimentée descend à pic, les petits bateaux on l’air de danser sous nos pieds ; elle est recouverte par plaque d’une espèce d’algue verte gorgée d’eau et glissante sur laquelle je dérape et me retrouve au sol, sans dégât heureusement ; il va falloir que je me méfie. Christian n’a pas l’air d’avoir les mêmes difficultés peut-être parce qu’il a un bâton (d’accord, eux non plus je n’aurais pas dû les renvoyer !) et une plus grande habitude des sols gelés.

A Pasajes nous nous réfugions dans un café, nos vêtements de pluie créent une mare sous le porte-manteau. Nous commandons un sandwich à l’omelette et au pommes de terre, quelque chose qui cale bien. L’eau dans mes chaussures commence à se refroidir, ne nous attardons pas. Nous partons vers l’embarcadère, puis c’est la courte traversée de l’estuaire en barque, 60 centimes. De l’autre côté le chemin est très raide. Il surplombe la mer, c’est splendide mais il faut bien le dire assez casse-gueule, inquiétant avec les pierres rendues glissantes par la pluie ; je n’en mène pas large et suis content d’en finir avec ce passage délicat.

Bientôt c’est San Sébastian. Le chemin encore une fois domine la ville et ses plages. La descente est très abrupte tantôt sentier tantôt escalier. On a l’impression que l’on va toucher le toit des immeubles, de descendre de ces bâtiments par un escalier extérieur, en quelques minutes nous passons d’une centaine de mètres au niveau de la mer. En bas je commence à être épuisé à force de freiner et d’être attentif aux risques de glissades, mon dos crie. Christian à l’air bien mais il lui tarde aussi de se poser.

L’auberge de pèlerins est fermée en cette saison, il nous faut rejoindre l’Auberge de Jeunesse à l’autre extrémité de la ville que nous traversons en longeant les plages, sans rien visiter, tant pis. Notre farniente d’hier à Saint-Jean-de-Luz n’est plus qu’un lointain souvenir.

Nous arrivons à l’AJ vers 15h. En principe l’accueil ne débute qu’à 16h mais est-ce notre aspect détrempé, épuisé ou le sésame du mot « Santiago », ils nous ouvrent les portes. Nous atterrissons dans un grand dortoir avec lits superposés qui est déjà bien occupé mais, chance, il reste des lits du bas. Malgré leur long bain forcé mes pieds arrivent ridés et blancs mais sans ampoule. Une fois requinqués nous allons faire un petit tour de quartier à la recherche de provisions pour demain, Christian achète fromage, saucisson, vin, il veut goûter à tout. Puis nous allons prendre notre repas dans le foyer d’une maison de retraite qui nous a été indiquée à l’accueil de l’AJ et qui sert des «menus pèlerins» pour 8 euros boisson comprise.

Le récit que vous êtes en train de lire est désormais disponible en livre vous pouvez le découvrir ICI.

Demain le guide de Christian propose une étape à Getaria à environ 27 km, le mien, un guide espagnol, cale ses étapes sur les Auberges de pèlerins et propose Zarautz à 21 km. Nous déciderons en fonction du temps et de notre forme ; de toutes façons il n’est pas possible de réserver donc autant se fier à la sensation du moment, j’espère simplement que le ciel va se calmer, mais peut-être qu’on finit par s’habituer à ça aussi.

981 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

6 réflexions au sujet de “Vers San Sébastian sur le Camino del Norte – Mes Chemins de Compostelle”

  1. RE : choisir
    Bonjour Josée,
    C’est vrai que Chemin par Irun et San Sebastien (Le Camino Norte) est un peu plus escarpé, mais rien d’insurmontable même à 65 ans.
    Buen Camino
    Pierre

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  2. choisir
    j hésite entre le chemin de irun a st sebastian ou le camino frances …lequel serait pour moi le plus facile …vu mon age 65 ans le camino français me fait peur pour le monde et l ébergement du soir qui se dit tres difficile au mois de mai je part le 13 05 de bayonne merci pour vos bon renseignements toujours tres clairs

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  3. Camino del Norte
    Salut Pierre

    Encore merci pour ton autorisation de diffuser une de tes vidéos à l’exposition « les chemins de Compostelle en Rhône Alpes ».
    Comme tu le vois je visite ton site et me suis arrêté au Camino Del Norte.
    Ce n’est pas le hasard.
    Avec mon épouse mal voyante, nous avons commencé, le Chemin du Nord à partir d’Irun.
    Malheureusement, arrivé à Guernika, j’ai eu des problêmes de carte bancaire et notre pérégrination en a été arrêtée.
    Nous avons remis cela cette année mais, hélas, le sort a été encore plus contraire. Au bout d’une quinzaine de kilomètres. Martine est tombée et s’est cassé le péroné !!!
    Bon ce sera pour l’an Prochain.
    Je viens de lire ton compte rendu de l’étape Irun San Sebastian, nous c’était en juin mais nous avons eu les mêmes conditions météo …
    Amitiés
    Bruno

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  4. RE : la pluie
    Bonjour Irène,
    Sans faire durer le suspense, rassures-toi le plus dur est pratiquement passé, il va faire beau, on pourra se baigner ! Ce n’est pas une bretonne qui va se laisser impressionner par quelques gouttes 🙂

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  5. La pluie
    Eh bien Pierre !!! De la pluie et de la boue tu en as eu toi aussi. Toi qui me conseillais de partir en Septembre pour avoir du beau temps? Rien n’est gagné.
    Et ce camino del Norte? Dis moi vite qu’il n’est pa comme ça tout du long. J’envisage de le faire, je ne suis plus certaine que ce soit dans mes cordes

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