Vers Irun sur la voie littorale – Mes Chemins de Compostelle

Jeudi 17 septembre,
30e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 866 kilomètres

Irun
De Bayonne à Irun

Lever 7h. Aujourd’hui Christian et moi allons essayer d’atteindre Irun, à plus de 40 km, nous aimerions passer en Espagne, changer d’ambiance. Malgré la longue étape d’hier je me sens bien, peut-être un peu fatigué ou plutôt courbatu, mais les pieds vont bien et tout devrait rentrer dans l’ordre après un petit échauffement.

Mon guide du Chemin de la voie de Tours s’arrête curieusement à Bayonne. Chez le même éditeur on trouve un autre ouvrage, le tome 2 en quelque sorte, qui décrit la suite du Chemin : Bayonne, Irun puis le Camino Norte. C’est celui qu’a choisi Christian. Pour ma part j’ai préféré celui d’un autre éditeur qui commence sa description à Irun ce qui me paraît une césure plus logique. Avant de partir, pour combler cette lacune, j’ai trouvé des topo-guides du tronçon Bayonne-Irun sur le site de l’Association « Les Amis du Chemin de Saint Jacques – Pyrénées Atlantiques »  que je remercie au passage.

Pour sortir de Bayonne il faut d’abord franchir toute la zone d’habitation par des grands boulevards avec une circulation très dense à cette heure de prise de poste. Vers 9h nous avons enfin atteint une petite route calme en sous-bois que nous avons entamée par l’escalade des barrières d’un passage à niveau fermé à la circulation pour cause de travaux. Rien n’entrave l’avancée du pèlerin. Il fait très beau, très doux. En route nous longeons l’étang de Bidos, la cohue du matin est loin derrière nous.

Vers 10 h, au niveau de Bidart nous rejoignons la mer toute proche. Au loin les Pyrénées, impressionnantes, nous appellent. Les paysages sont magnifiques avec toute la beauté du pays Basque, ses maisons colorées, ses frontons, ses églises avec leur porche avancé, leur galeries intérieures et leurs bateaux votifs. Malgré les kilomètres qui défilent nous ne voyons pas le temps passer, nos discussions continuelles y sont sans doute pour quelque chose mais surtout nous nous sentons comme arrivés quelque part : le Chemin côtier a vraiment commencé.

De Bidard à Saint-Jean-de-Luz nous suivons le sentier côtier, parfois escarpé, que nous abandonnons de temps en temps pour prendre la route et couper les caps car la distance est encore longue jusqu’à Irun et rien ne sert de la rallonger aussi belle la vue soit-elle. En route pique-nique sur la plage : il y a des moments où ce n’est vraiment pas facile la vie de pèlerin !

Arrivée à Saint-Jean-de-Luz vers 13h30, nous jouons les touristes : visite de la ville et de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, éblouissante, pause à la terrasse d’un café, rédaction de quelques cartes postales. Puis passage à la poste pour renvoyer le guide de la partie française désormais inutile et quelques babioles superflues, je m’allège au maximum. Christian trouve une boutique Internet pour continuer le récit de son voyage qu’il a négligé ces derniers jours pour cause d’étapes interminables. Je l’accompagne et j’envoie un mailing à tous les internautes qui me font l’amitié de suivre mon périple : « Viva España », j’anticipe un peu mais je le sens bien. J’en profite aussi pour envoyer quelques mails dont un à Maria : « I am in Spain ». C’est une amie Polonaise que j’ai rencontrée l’année dernière sur le Chemin après Carrion de los Condes ; quand je lui ai annoncé que j’envisageais de partir sur le Camino Norte elle m’a appris qu’elle serait à Bilbao pendant cette période et qu’elle aurait plaisir à faire un bout de chemin avec moi si je le souhaitais, qu’il suffirait de lui envoyer un mail quand je serais en Espagne pour voir si nos calendriers pourraient s’accorder. Nous restons près de deux heures en ville, nous prenons notre temps, rien ne nous presse, l’auberge des pèlerins d’Irun accueille jusqu’à 22h.

Après Saint-Jean-de-Luz c’est Ciboure puis Urrugne, le chemin quitte le bord de mer avec de longs passages sur la N10 très fréquentée ce qui, avec en plus la fatigue qui commence à se faire sentir, est assez pénible.

Le récit que vous êtes en train de lire est désormais disponible en livre vous pouvez le découvrir ICI.

Passé Urrugne on retrouve des petites routes avec quelques côtes sans doutes annonciatrices de ce qui nous attend les jours prochains. En fait elles ne sont pas bien méchantes mais après tous ces jours de plat dans les Landes nous manquons d’entrainement.

Enfin nous atteignons le pont international Saint-Jacques sur la Bidassoa à la sortie de Hendaye, il est presque 19h, une bien longue journée. Nous franchissons le pont avec une certaine émotion, ça y est nous sommes en Espagne. Dès la sortie du pont nous sentons que nous avons changé de pays, d’habitudes, tout sonne différent, il n’y a pas que la langue, ce sont une multitudes de petits détails, c’est comme quand, dans un ensemble pavillonnaire, vous entrez dans une maison qui a exactement le même plan que la vôtre et que vous avez quand même du mal à vous y repérer. Après quelques pérégrinations nous atteignons l’auberge des pèlerins, «el Albergue de peregrinos» vers 19h30. Elle est située en étage cela aussi c’est nouveau. Plus rien à voir avec nos étapes précédentes, c’est plein comme un œuf, il faut faire la queue pour s’inscrire. Beaucoup de nationalités sont représentées, Français, Espagnol, Allemands, Néerlandais, Polonais… Beaucoup commencent leur Chemin ici, nous passons pour des vétérans. Parmi ceux qui font la queue une Française se présente comme une des rédactrices des guides Lepère, c’est Yvette Terrien, des pèlerins leur ont signalé des modifications du tracé du Chemin et elle part sur place pour se rendre compte et répercuter les mises à jours nécessaires. J’acquiers une nouvelle crédentiale, la mienne n’aura plus assez de cases pour aller jusqu’au bout, j’en profite on n’en trouve pas partout. Au Canada ils ont l’habitude de voir grand celle de Christian lui permettrait de revenir de Saint-Jacques !

Cette fois-ci Christian partage sa bouteille avant le repas en attendant que les restaurants ouvrent, apparemment il n’y a pas dans le coin de menu pèlerins dont un des gros avantages est d’être servi dès 19h. Plusieurs pèlerins nous aident dans cette noble tâche, notamment une cycliste Hollandaise accepte volontiers de trinquer avec nous. Elle est en route depuis sept semaines, partie du nord des Pays-Bas elle est passée par le col du Somport, c’est plus dur mais plus intéressant, chacun son truc. Ensuite nous allons savourer notre premier «plato combinado», en fait rien de très gastronomique, nous prenons ce que nous trouvons, nous avons peu de temps pour chercher mieux ou lambiner à table l’auberge ferme à 22h.

A la sortie du restaurant nous repérons le Chemin pour demain, les flèches jaunes sont apparues. Quelques gouttes nous accompagnent, c’est bien la peine d’arriver ici pour trouver la pluie. Nous nous persuadons que ce n’est que passager, demain il ne peut que faire beau. On est en Espagne oui ou non ? Demain direction San Sebastien à environ 24 km, cela nous reposera un peu même si le profil à l’air assez accidenté.

960 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

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