Présélectionné au concours de Bibliocratie pour gagner un voyage à Istanboul d’où il fallait ramener un carnet de voyage, je n’ai pas été choisi. Heureuse incertitude du sport. Gloire au vainqueur en l’occurrence une vainqueure (au Québec et en Suisse ou utilise le mot vainqueuse qui, il faut le reconnaître, souligne mieux sa féminité).
Pour concourir il fallait proposer un texte ou/et des photos ou/et des dessins sur le thème de « Mon bistrot ». J’avais opté pour un texte que voici :
Un bistrot pour la route
La salle est grande avec des couleurs ternes, sans charme, une télé diffuse ses images avec, pour une fois, un son réduit, quelques tables délimitent un grand espace central fermé sur un côté par le comptoir où quelques clients accoudés sont rejoints de temps à autre par des accros de l’expresso qui commandent puis avalent en coup de vent leur dose tout en échangeant quelques mots avec les autres consommateurs et la jeune femme aux manettes de la machine à café. Tout le monde semble se connaître. A une table, dans un coin, un homme et son petit garçon qui joue avec un soldat en plastique genre Big Jim, probablement la famille de la patronne venue passer un moment en sa compagnie en ce jour de repos dominical. En route j’ai fréquenté plusieurs cafés tenus comme ici par des asiatiques prêts à relever le défi dans une région qui, à en croire le manque d’entretien de nombreuses maisons, est en cours de dépeuplement. Dehors il pleut à verse depuis des heures. Dans un coin mon sac à dos trône au milieu de la flaque qu’alimente ma cape qui dégouline.
Arrivé à la sortie du bourg sans avoir croisé le moindre commerce ouvert, j’avais décidé d’abandonner le balisage et de rebrousser chemin en m’orientant vers un clocher, ou plutôt un campanile. Il était grand temps que je me restaure et que je me réchauffe et j’avais bon espoir de trouver un bistrot ouvert à proximité d’une église.
Il était bien là, sous les arcades entourant une grande place.
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