Vers Markina-Xemein sur le Camino del Norte – Mes Chemins de Compostelle

Lundi 21 septembre,
33e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 795 kilomètres

Markina-Xemein

Il est bientôt 8h, nous sommes debout depuis 6h45, quand ce n’est pas une Auberge de Jeunesse pratiquement tout le monde se lève et part en même temps. A 7h15 nous étions dans un café que nous nous étions fait indiquer la veille par l’Office de Tourisme. Pendant notre petit déjeuner je reçois un coup de fil d’Hélène, le moral n’est pas terrible, il y a des soucis dans la famille et elle se sent seule face aux événements ; nous en discutons un moment pour trouver des solutions et je lui dis de ne pas hésiter, si elle l’estime nécessaire je rentre, le Chemin ne s’envolera pas, la vie elle n’attend pas. Le temps est très, très couvert, après quelques hésitations nous mettons nos vêtements de pluie. Aujourd’hui nous allons à Markina, une étape de l’ordre de 23 km mais avec beaucoup de montées et surtout une descente qualifiée de dangereuse ; en route rien, pas de ravitaillement. Il n’y a plus qu’à y aller.

10h45 nous sommes au sommet de la plus grande montée de la journée, à 500 m, 350 m de dénivelé en une seule traite. C’est vrai que c’était un peu long mais pas trop raide. Il a plu pratiquement tout le temps, maintenant ça se calme, nous sommes en sous-bois et l’humidité envahit tout, avec l’effort nous sommes en sueur sous les capes et dehors il y a des nappes de brume. Petite pause et dégustation d’une pomme, nous sommes contents d’être là. C’est très beau mais malheureusement très bouché, la vallée est dans les nuages et on ne voit pas grand chose. Il fait doux, heureusement qu’il ne faisait pas 40° dans la montée. En route ce matin, au niveau de l’ermitage de Olatz, un Espagnol dans nos âges nous a doublés d’un pas énergique. Nous avons échangé quelques mots, il a déjà fait la Via de la Plata, le Chemin qui va de Séville à Saint-Jacques et là il compte aller jusqu’à Santiago. Nous ne l’avons plus revu.

En route vers Markina nous traversons des forêts de pins, de sapins et d’eucalyptus et croisons quelques belles fermes. Même s’il ressort que l’eucalyptus est une vraie catastrophe au niveau écologique j’aime bien ces arbres avec leur tronc élancé, leur couleur et l’odeur qui s’en dégage. Par beau temps, avec en prime des paysages bien dégagés, cela doit-être un chemin magnifique mais aujourd’hui il y a une ambiance un peu mystérieuse, qui sent l’aventure, le conte, qui me plaît beaucoup.

Vers midi nous faisons une nouvelle pause pour prendre un en-cas que nous complèterons à Markina maintenant proche. Nous sortons nos provisions de secours, chorizo, fromages, pommes… Christian m’avait demandé conseil pour choisir un fromage et je lui avais suggéré un fromage de brebis, une spécialité du pays Basque, que j’aime beaucoup. Il a du mal à le finir. Je goûte, il est effectivement très fort. Ce n’est pas celui que je mange habituellement, celui-ci a du vieillir plus longtemps. Je comprends qu’il puisse y avoir une grosse surprise surtout pour un palais Québécois. Je découvrirai plus tard qu’en Espagne ils proposent plusieurs types d’affinage de ce fromage, ce que je n’avais pas remarqué en France.

14h, Markina, il fait 20°, il pleut. En route les chemins étaient complétement inondés, glissants, nous pataugions dans la boue, la flotte, le tout dans une humidité constante, mais bon cela s’est très bien passé si ce n’est que nous ne voyions pas grand chose du paysage, ou très rarement entre deux éclaircies. Le parcours m’a semblé moins périlleux qu’annoncé par le guide, je commence peut-être à avoir le pied basque. L’auberge est située dans un couvent et n’accueille qu’à partir de 15h. Rodolphe et une Espagnole sont assis sous le porche et attendent l’ouverture. Ils nous proposent de garder nos sacs pendant que nous allons nous restaurer. Rodolphe est passé par la route pour ménager sa tendinite, en sandales,19 km au lieu de 22 mais avec la pluie et la circulation ça n’a pas du être une partie de plaisir. Il s’accroche.

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Nous revenons un peu avant 15 h ; nos sacs ont déjà été transportés à l’intérieur par nos compagnons l’auberge ayant ouvert plus tôt que prévu. A l’entrée nous sommes priés de laisser nos chaussures, pleines de boues, dans des cageots à légumes, un râtelier simple et efficace.

Le dortoir comporte dix lits en bois qui respirent la qualité, ça nous change d’hier et il y a de l’eau chaude ! Après installation, lavage, récurage et une petite pause lecture la pluie s’est calmée. Nous ressortons à la recherche d’un point Internet, mais le seul que nous trouvons est en maintenance. Nous nous rabattons sur la terrasse d’un café envahie par une ribambelle de gamins qui font « quatre-heures » à moins que ce soit leurs mères qui prennent le thé pendant qu’ils courent entre les tables. Malgré ce chahut je reste zen, je profite du moment. Bientôt nous sommes rejoints par Renée et Jean-Louis un ami bordelais ; avec ses 110 kg son sport c’est plutôt le rugby mais il est venu faire un petit bout du Chemin avec elle pour lui soutenir le moral. Nous discutons agréablement un long moment puis poursuivons la soirée autour d’un menu pèlerin à 10 euros : lentilles, beefsteak et riz au lait le tout largement arrosé. La conversation continue à l’auberge, animée, nous sommes bien, jusqu’à ce que les Françaises arrivent et nous disent que nous faisons trop de bruit. Même si c’est vrai qu’il est tard, ça jette un froid. Silence. Elles me diront plus tard que c’était censé être une blague. Le flop.

L’hospitalero responsable de l’accueil nous a appris que l’auberge de Guernica (ou Gernika) est fermée pour cause de travaux, réfection des peintures si j’ai bien compris. La prochaine auberge de pèlerins est à Lezama ce qui ferait une journée de plus de 45 km, inenvisageable avec le profil du terrain. Donc demain ce sera Meakaur où une auberge privée, un peu à l’écart du chemin, pratique un tarif pèlerin ; une marche d’un peu plus de 30 km. Les affaires reprennent.

1026 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

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