Vers Saint-Jean-d’Angély sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle

Vendredi 4 septembre,
17e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1323 kilomètres

Saint-Jean-d'Angély
De Aulnay-en-Saintonge à Saint-Jean-d’Angély

8h20, j’ai quitté Aulnay-en-Saintonge. Il fait beau avec quelques nuages. La pluie m’a réveillé vers 6 h, elle déferlait de partout, dans la rue c’était un vrai ruisseau. S’il fallait faire la route là-dessous cela n’allait pas être marrant. Heureusement à 6h30 elle a cessé.

Aujourd’hui ce sera Saint-Jean-d’Angély, 23 km, ce n’est pas le diable. Plutôt que de faire comme la dernière fois 25km en 5 h pour arriver avant la fermeture des restaurants j’ai préféré assurer le coup d’autant plus qu’il paraît qu’en route il n’y a rien. Je n’avais pas pu m’en occuper hier soir, tout était fermé, ce matin j’ai donc dû attendre l’ouverture des magasins pour acheter une demi-baguette et un peu de jambon. Le boucher était en train de préparer son camion. Je lui est demandé s’il allait sur un marché mais en fait non : il fait une tournée dans la campagne. En revenant au refuge j’ai fait un détour par le donjon, la tour Saint-Pierre, que j’avais négligé hier. Comme tous les matins en ce moment j’ai un peu de mal à partir, un peu de vague à l’âme. J’ai d’ailleurs dû faire demi-tour à la sortie de la ville : j’avais oublié de rendre les clés.

Le paysage semble avoir changé, le chemin file à travers champs, à ma droite du maïs, à ma gauche un champ déjà labouré, préparé pour une autre culture, mais plus ces grandes haies qui me protégeaient du vent. Ce n’était que passager, un peu plus loin je les retrouve et même il semble qu’ils en replantent ce qui du simple avis du marcheur est une excellente idée car il y a du vent en permanence et c’est assez pénible surtout quand il est de face. Elles abritent beaucoup d’oiseaux qui s’envolent par nuées à mon passage, j’ai dérangé, désolé je ne fais que passer.

9h45 traversée du village de Paillé sous le signe de l’eau : un chien se prélasse dans une flaque et une maison en propose aux pèlerins.

Du vent toujours du vent et c’est d’ailleurs dangereux : j’ ai été surpris par une voiture qui arrivait derrière moi et que je n’ai pas entendue.

10h30, les Eglises-d’Argenteuil, je croise un citadin en short et en sandales qui me demande d’où je viens, me souhaite bon courage et me signale que l’église est ouverte avec un cahier pour y déposer un mot. Ouverte certes, mais 2 mètres après le porche une barrière interdit d’avancer plus avant dans la nef, peut-être pour ne pas salir, quelques chaises accueillent quand même le pèlerin. Il est vrai que dans d’autres traditions il faut se déchausser avant d’entrer dans un lieu de culte. Sur le livre d’or un nommé Philippe-Alexandre a laissé un message, il me semble que j’ai déjà vu ce nom en route. Je ne suis pas inspiré, je repars sans rien écrire.

Midi, un peu au sud de Vervant je me suis arrêté une grosse demi-heure face à un champ de maïs pour déguster mes tranches de jambon. Il fait très beau mais pour une fois je ne me suis pas mis à l’ombre car il y fait frais. Il y a toujours du vent, beaucoup de vent.

13h, Courcelles, je viens de perdre pas mal de temps dans ce petit village où j’avais perdu mes repères.

14h30 ça y est je suis dans ma chambre dans l’abbaye royale de Saint-Jean-d’Angély transformée en « Centre de Culture Européenne » ; elle fait également accueil pèlerin. Chambre individuelle dans les combles avec lavabo et douche, les toilettes sont sur le palier : le grand luxe. Côté échanges ça va encore être ceinture. D’après l’accueil je suis le seul dans ma catégorie et de plus il n’y a pas de restauration (il y en a uniquement lors des séminaires mais dans ce cas je suppose qu’il n’y a plus de chambre pour les pèlerins !) donc peu de chance de faire connaissance. Mais les personnes que je croise sont agréables et me laissent accéder à Internet.

Après les ablutions habituelles, corps et vêtements, je vais faire un petit tour de ville. L’Office de Tourisme me fournit un plan avec des circuits découvertes dont j’ai fait une partie. En chemin, petit coup de fil à Hélène, elle ne va pas du tout, solitude, fatigue, bourdon. Du coup je le chope aussi.

Le soir je pars en quête d’un restaurant. Il n’y avait pas grand chose et le peu qu’il y a est très cher. J’atterris dans une crêperie qui propose un menu à 12,50 euros. « Vous êtes un pèlerin ? », j’acquiesce, « Nous avons un menu pèlerin à 10,50 euros. Avez-vous votre crédentiale ? ». Moi qui me croyais en « civil », incognito ; je dois avoir une touche particulière. On sent que c’est une petite ville, dans la salle tout le monde se connait, se fait la bise, fait la bises aux patrons, on dirait une réunion de famille, c’est peut-être pour cela que j’ai été repéré. A la fin du repas ma crédentiale revient ornée du tampon de l’établissement, délicate attention sauf que je ne suis pas sûr d’avoir assez de cases pour finir le voyage.

Les livres des récits de mes marches vers Compostelle

Retour à ma chambrette à laquelle on accède par un chemin labyrinthique à travers les poutres de l’abbaye. L’étage semble désert. Je me prépare à passer une bonne nuit, sans protection auditive, quand les échos d’un concert franchissent la fenêtre, c’est le week-end, je remets mes bouchons.

498 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

4 réflexions au sujet de “Vers Saint-Jean-d’Angély sur la voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle”

  1. RE : Crédentiale
    Bonjour Christine et Patrick,
    La crédentiale est utile si vous voulez dormir dans des « accueil pèlerins ». Elle est exigée partout en Espagne et pratiquement partout en France. Certains hôtels ou restaurant font des réductions sur sa présentation.
    Elle doit être tamponnée à chaque étape mais ça peut-être dans un bistrot, un commerçant, un Office de Tourisme … Elle donne la preuve que vous êtes passé le long du Chemin. Si vous faites le Chemin par tronçons, un chaque année par exemple, vous pouvez la completer au fur et à mesure.

    Outre ce sésame pour les gîtes pèlerins elle vous permettra à Saint-Jacques d’obtenir la Compostella, un certificat comme quoi vous avez fait au moins les 100 derniers km avant Saint-Jacques (si vous ne faites que ces 100 km il faut présenter deux tampons par jours).
    On se la procure par Internet (Editions Lepère ou L’ACIR : voir mes liens) dans les associations Jacquaire ou en certain point du Chemin (par exemple à la cathédrale du Puy, Puente la Reina, …).

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  2. Credential
    Bonjour Pierre,
    je viens de découvrir le récit de vos dernières étapes depuis Poitiers.
    Sur la dernière, vous faites allusion à votre credential.
    Justement, nous nous posions la question de savoir si on vous la demandait de temps en temps, et si il était assez facile de trouver un endroit pour le faire tamponner en arrivant à votre étape le soir ?
    Amicalement

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  3. Bifurcation & bourdon…
    J’adore la photo « bifurcation ». En voilà un joli thème !
    Désolée rétrospectivement pour le bourdon communiquant !

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