Vers Chaumont-sur-Loire sur Voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle

Lundi 24 août,
6e étape : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1618 kilomètres

Chaumont-sur-Loire
De Blois à Chaumont-sur-Loire

9h je viens de laisser ce merveilleux hôtel (je ne donne pas le nom de peur de lui faire de la pub, je peux simplement vous dire qu’il porte le nom d’un poète qui fut heureux comme l’époux d’une infatigable tapissière). Il tombe quelques gouttes mais au-loin je vois du soleil donc je garde confiance. Par contre il y a un truc pour lequel il faut que je m’inquiète : je n’ai strictement plus rien à manger et dans cette région tout est fermé le lundi.

Je quitte le centre-ville par les rues piétonnes où il n’y pas grand monde alors qu’hier soir elles grouillaient de touristes. Sauvé ! Le ravitaillement est assuré : je sors d’une boulangerie qui vendait des sandwichs.

Ce matin j’avais prévu un lever à 7h puis petit-déjeuner à 7h30 mais, pour une fois qu’un service matinal était possible, je ne me suis réveillé qu’à 8h. Hier soir j’étais tellement vanné, j’avais tellement mal partout que je me suis décidé à prendre une potion magique et le résultat a été ce sommeil réparateur, j’ai dormi comme un bébé malgré la fenêtre grande ouverte sur une ruelle passante. Donc pas de départ matinal mais pas de soucis : il fait moins chaud qu’hier et il n’y a que 23 km à faire.

Deux petites catastrophes : j’ai perdu mon tube de biafine et une pince à linge. Rien de bien dramatique mais à ce rythme … Ça doit être des actes manqués : je cherche à m’alléger. Avec cette chaleur infernale mon linge ce matin était archi-sec, ce qui n’est pas souvent le cas surtout les chaussettes. Hier soir j’ai bu des litres et des litres et ce matin je n’ai pratiquement rien restitué. C’est un problème récurant, il faut que je pense à boire plus, une partie de ma fatigue vient sûrement de là. Aujourd’hui la température s’annonce plus humaine.

9h30 me revoilà sur les bords de la Loire, le ciel est très sombre. Je quitte Blois par la rive gauche et il pleut à nouveau très légèrement. Je n’ai pas encore mis ma cape mais par prudence j’ai emmailloté le sac-à-dos.

9h45 ça y est j’ai sorti la cape, la pluie s’accentue, rien encore de bien méchant mais il n’est pas utile que je me trempe par imbibation ; 20 mn après il cesse de pleuvoir. Pratiquement toute la journée sera marquée par cette alternance. Ma cape s’ouvre devant et je peux donc la rejeter sur les épaules entre deux ondées, je me prends pour d’Artagnan.

11h pour la première fois depuis ce matin je suis sur un chemin de terre. Heureusement que le ciel est couvert parce que goudron + pas d’arbre, c’était la fournaise assurée. Je me faisais une idée peut-être un peu trop romantique du « marcher le long de la Loire » ; il y a des passages sympathiques notamment au niveau de la réserve naturelle à la sortie d’Orléans, mais souvent le chemin se déroule au large du fleuve dont on ne voit pas une goutte. C’est la campagne, du maïs, des champs de blés moissonnés et des plantations de peupliers. Cela reste sans doute suffisamment sauvage pour les deux biches qui viennent de traverser la route devant moi.

Le soleil recommence à taper.

A la traversée du Cosson, une petite rivière, je retrouve le goudron et un pêcheur sous le petit pont.

11h45 petite pause, j’en profite pour enlever cape et protège-sac et téléphoner pour réserver un lit pour cette nuit. Le guide mentionne l’auberge du Moutier à Chaumont, le seul à avoir un prix attractif, mais j’apprends qu’il est fermé depuis 2 ans : d’où l’intérêt d’avoir un guide à jour. En arrivant à Chaumont il faudra que je passe à l’Office de Tourisme. Pour le moment je n’ai pas de piaule. Sur cette partie du Chemin le camping serait sans doute une solution mais il faut porter la tente et j’ai remarqué que beaucoup ferment aux environs du 15 août.

12h30 franchissement du Beuvron par le pont médiéval à Candé-sur-Beuvron. En route une petite pluie et quelques côtes. Il commence à faire chaud et même si la température a baissé par rapport à hier avec l’humidité il y a une ambiance presque tropicale.

13h pause casse-croûte au pied d’un arbre, comme d’habitude pour reposer mon dos, le long du chemin de terre après la longue montée goudronnée mais ombragée à la sortie de Candé. Délicate attention de la boulangerie de Blois : le sandwich était maintenu fermé par un petit élastique ; simple et pratique.

13h30 je repars il fait toujours beau mais humide. Il reste en principe 6 km qui devraient se faire sans problème. Après les prairies me voici dans la forêt, à l’ombre mais accompagné par des nuages de mouches : jamais content ! De loin en loin des petits miradors, sans doute un territoire de chasse.

14h je me retrouve sur les bords de la Loire. J’ai dû rater une marche quelque part parce que ce n’est pas du tout ce que prévoyait le guide, mais ce n’est pas désagréable et puis l’étape est courte, même si j’ai rallongé je ne suis pas à 1 km près.

14h45 je suis à côté du camping et j’aperçois le château de Chaumont. Le temps est couvert pas menaçant mais ce n’est pas le grand ciel bleu propice aux belles photos. 500 m après je longe un parking rempli de camping-cars qui stationnent face à la Loire. Ils ont l’air d’être tolérants sur le sujet dans la région, j’en avait remarqués aussi à l’entrée de Beaugency.

15h30 je suis dans ma chambre, au relais des Escures, une chambre d’hôtes à Onzain, la ville face à Chaumont, de l’autre côté de la Loire, juste à côté de l’atelier de Patrick MERIGUET, sculpteur sur inox. L’adresse m’a été fournie par l’Office de Tourisme : traverser le pont fait chuter les prix. C’est toujours très couvert et il fait très chaud ; je dégouline signe d’humidité dans l’air, ce coup-ci pas de menace de déshydratation.

Le récit que vous êtes en train de lire est désormais disponible en livre vous pouvez le découvrir ICI.

J’appelle mon ami Claude. Il avait envie de découvrir ce Chemin dont je lui ai tant rebattu les oreilles et nous allons faire un bout de route ensemble jusqu’à Poitiers. Il n’était libre qu’à partir du 25 août et je devais lui préciser notre point de rencontre en fonction de mon avancement. Ce sera donc Amboise qu’il va rejoindre par le train. J’y ai réservé une chambre pour deux à l’hôtel Chaptal mais ils exigent que je donne mon numéro de carte bancaire, ce que je refuse, ou que j’arrive avant 15h sinon ils ne garantissent pas de me conserver la place. Ce n’est qu’à environ 23 km, c’est jouable si je ne pars pas trop tard. Sinon je m’en remettrai à la providence : j’espère quand même que Claude ne passera pas sa première nuit sur le Chemin sous un pont.

Il m’apprend qu’à Paris il y a eu des orages énormes, ici le ciel est un peu plombé mais à part les petites pluies de ce matin on a été épargné.

21h je sors du Restaurant de la Gare à Onzain, gare où aurait dû initialement arriver Claude si je n’avais pas couru comme un lapin. Un restaurant très simple, bon marché mais très copieux, à l’ancienne là où les hors d’œuvre variés ne sont pas une simple collection d’échantillons, avec plateau de fromage et dessert : une récompense après une journée de marche. J’y retrouve une petite famille germanique qui ce matin a déjeuné avec moi à hôtel. L’année dernière j’avais eu l’occasion de doubler un pèlerin en vélo (il avait été bloqué par la pluie alors que rien n’arrête le fantassin), aujourd’hui j’ai rattrapé une voiture !

203 kilomètres parcourus depuis Auffargis

 

4 réflexions au sujet de “Vers Chaumont-sur-Loire sur Voie de Tours – Mes Chemins de Compostelle”

  1. RE : P.Meriguet
    C’est vrai, il n’y a pas grand chose. Apparemment il n’a pas pensé à faire son site, ou il n’a pas le temps, ou ce n’est pas son « truc ».

    Répondre

Répondre à Pierre Annuler la réponse