De Escoubet à Nogaro – Chemin de Compostelle

Mercredi 17 Septembre,
23e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 1020 kilomètres

Nogaro
De Escoubet à Nogaro

7h30 je quitte le « Domaine du possible » sans savoir si j’entre dans celui de l’impossible. Il fait beau, il fait  doux, je n’ai même pas mis ma polaire, on voit encore la lune, mais il fait clair. Une belle journée qui s’annonce, direction Nogaro à environ 25 km.

Ceux qui ont dormi dans les yourtes ont apparemment eu assez froid et il paraît que ça sentait le chameau, donc pas de regret en ce qui me concerne. Pour moi la nuit fut excellente. J’ai très bien dormi, pas de bruit, malgré des tuyauteries assez catastrophiques mais qui se sont calmées une fois les ablutions vespérales des uns et des autres achevées.

Ancienne voie ferrée vers Eauze

Le chemin continue sur l’ancienne ligne de chemin fer, toute droite, toute plate avec de temps à autre un reste de signal ferroviaire tout rouillé qui se dresse sur le bord de la voie. Ca me fait penser à une balade dans l’est de Paris, la « coulée verte », elle aussi sur l’emplacement d’une ancienne voie.

Cathédrale d`Eauze

Au repas hier soir certains ont évoqué leur rencontre avec un couple revenant de Saint-Jacques. Ils avaient fait Chambéry – Saint-Jacques et là remontaient sur Chambéry. Le plus extraordinaire c’est que, parmi les convives, une femme, de Chambéry également,  s’était aperçue en discutant avec eux que leurs parents se connaissaient .

8h20 Eauze, retour à la civilisation, circulation automobile, supermarchés, grand magasin, travaux, il faut de tout pour faire un monde.

Sur la place d’Armagnac la cathédrale Notre-Dame de la Gélise, du nom de la rivière qui traverse Eauze. Sa construction est curieuse : des piliers et entre les piliers des murs comme ceux d’une maison. Une explication est affichée : «réemploi de moellons romains tirés des ruines de l’ancienne Elusa mêlés au briques de fabrication locale ».

9h je quitte Eauze après avoir fait de petites emplettes et posté une lettre pour l’anniversaire de mon petit-fils.

Une fois passée la zone d’habitation d’Eauze le chemin serpente à nouveau dans les vignes. J’en ai goûté quelques grains, qu’il soit  rouge ou  blanc il est un peu acide. Ou il n’est pas encore mûr ou  il est destiné à la vinification.

Chemin à travers les vignes vers Nogaro

Mon dictaphone me sert à faire un journal de bord oral mais peut-être que je lui parle comme d’autres parlent à leur chat pour sortir de leur solitude … sans les problèmes de litière.

En route un groupe dont certains avec un gros sac et d’autres un petit. J’ai l’impression que ces derniers font un petit bout de chemin avec les autres qui eux vont à Saint-Jacques comme l’indique la coquille qui bringuebale dans leur dos.

11h10 je laisse Manciet derrière moi et une grosse portion de route très passante et assez pénible. Je laisse aussi Jacquie qui fait un arrêt « provisions ». Elle est d’Annemasse,  grand-mère, et fait le Chemin par tronçons. Cette fois-ci elle est partie de Figeac et compte aller jusqu’à Pampelune. Elle marche d’un bon pas et on s’est bien accordés.

12h15  pause casse-croûte encore dans une plantation de peupliers. Un peu de bruissements dans les feuilles, quelques chants d’oiseaux, à part ça pas un bruit. Je vais en profiter. Je repars une heure plus tard, j’ai même somnolé un moment.  Ce n’est pas tous les jours facile la vie de pèlerin ! Il fait très beau.

Eglise de Nogaro - chapiteau

Un peu avant 14h, Nogaro. Qu’est ce que je vais bien faire de tout cet après-midi ?

En venant jusqu’ici le chemin était un peu plus vallonné mais rien d’insurmontable. Ma cheville est impeccable, maintenant ce serait même plutôt l’attelle qui me gêne.

L’église de Nogaro, c’est du solide, des gros piliers, des arcs à peine gothiques, quelques chapiteaux, des fresques anciennes. A part ça la ville de Nogaro est banale ou si on préfère normale. Il y a moins de 2000 habitants, un peu comme à Auffargis à la différence qu’il y a 6 médecins, 3 banques, 2 boulangeries, tous les commerces. En fait la ville draine toute la population aux alentours, ce qui explique tous ces services.

Sur le chemin vers le gîte je croise les arènes. Déception, je m’attendais à quelque chose comme à Nîmes ! On aura compris que je ne suis pas un « aficionado ».

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14h45 je suis au gîte d’étape, « La Fontaine Saint-Jacques ». En fait aujourd’hui c’est une chambre d’hôtes  :  chambre pour moi tout seul avec un grand lit, draps, serviettes, … il y a même une piscine. Je vais pouvoir buller tout l’après-midi. Il fait très beau, la piscine est tentante mais je n’ai pas de maillot et en ce moment je préfère l’ombre. Je suis le seul hôte.

Eglise de Nogaro

Après un petit repos (décidément aujourd’hui je récupère) je repars en ville faire quelques provisions et repérer la route de demain car la chambre d’hôtes est un peu à l’écart du Chemin.

A mon retour trois nouveaux hôtes sont arrivés : une Islandaise partie du Puy qui compte aller à Pampelune et deux Belges flamands partis de Moissac qui vont à Saint-Jean-Pied-de-Port. Ils ne parlent pas très bien le français, on se met à baragouiner en anglais.

Le soir, repas sur la terrasse devant la piscine : très agréable même si la  fraîcheur tombe rapidement. Notre hôtesse nous a préparé un repas succulent et copieux. Elle avait annoncé des saucisses et je m’attendais à de simples saucisses de Toulouse mais celles-ci sont parfumées, excellentes. Tout est fait maison, son père était charcutier et elle a su en retenir les recettes. Pour finir pêches et brugnons, je me jette dessus, on n’a pas trop l’occasion d’en manger sur le Chemin.

Nogaro, les arènes

La maison n’est pas loin d’un terrain de sport et ce soir-là il y a entraînement de foot. Au début ça me prend un peu la tête mais un des Belges se retient à table pour ne pas y courir, apparemment c’est sa passion.

Au cours du repas j’apprends à mieux connaître Nogaro, c’est sans doute un des avantages à loger « chez l’habitant ».

Tout d’abord Nogaro possède un circuit automobile qui est principalement utilisé par les constructeurs pour faire leurs essais de voitures ou de camions. Nos hôtes comptent bien, outre les pèlerins et les touristes, sur ces utilisateurs pour rentabiliser cette chambre d’hôtes qu’ils viennent juste d’ouvrir.

Par ailleurs Nogaro est équipé d’un circuit d’eau chaude naturelle. L’eau est refroidie à 40° avant d’être distribuée.

Bon repas, bon accueil, bonne ambiance, tout est réuni pour que je profite de mon grand lit.

Pour demain j’ai réservé à Aire sur l’Adour, à « l’Hospitalet Saint-Jacques », à 30 km.

Le Chemin entre maïs et vignes
556 kilomètres parcourus depuis le Puy-en-Velay

 

8 réflexions au sujet de “De Escoubet à Nogaro – Chemin de Compostelle”

  1. Chemin eauze Roncevaux
    J’adore lire votre chemin je récupère des gîtes que vous citez
    Je pars au mois de mai 2018 pour finir le chemin français
    Merci pour tous les récits
    Chantal

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  2. Partage
    Moi aussi, je déguste pas à pas. Je pourrais tout lire à la suite puisque tout ton voyage est sur ton site, mais en fait, je lis au fur et à mesure les pages que tu incrémentes dans Facebook.
    Et je revis mon périple de 2014.
    Pour Nogaro, je m’étais arrêté un peu avant au haras-gîte du Haget.

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  3. Re: Nogaro
    Ca fait plaisir de te sentir reprendre confiance avec ta cheville, je me sens mieux moi aussi !
    je savoure tjs paisiblement tes étapes et plus beaux villages ou non j’apprécie tes photos, merci de me faire partager tout ton cheminement, moral et physique.

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  4. Re: Nogaro
    Je suis impressionnée par tout ce travail. Vivement la suite, c’est passionnant… Et les photos, j’aurais quelques cours à prendre !

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