De Santo Domingo de la Calzada à Belorado – Chemin de Compostelle

Jeudi 2 octobre,
38e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 588 kilomètres

Belorado
De Santo Domingo de la Calzada à Belorado
Vers Belorado souvent le chemin côtoie la route
Gragnon

Ce matin levé à 7h, la nuit a été bonne malgré la présence persistante de plusieurs ronfleurs et ronfleuses car il faut bien le dire dans ce domaine la parité est bien respectée.  Il commence à faire froid et mon duvet s’avère un peu juste.

Hier soir le repas était convivial est l’ambiance agréable : à refaire.

9h30 J’ai retrouvé Erling, le Danois, hier il a fait une grande étape et il a rejoint cette vague.

Le chemin suit souvent la route, ce n’est pas une très grande route mais à cette heure-ci il y a de la circulation

La prochaine étape proposée par le guide, Belorado, est à environ 24 km qui ne devraient pas poser de problème c’est pratiquement plat.

Les gentils Français

10h15, Gragnon, petite pause café sur la place de l’église avec plein d’Espagnols, de Belges, de Hongrois, d’Allemand, de Coréens, … et au moins un Français. Une guitare circule et plusieurs pèlerins chantent ou jouent des airs connus, l’ambiance est très détendue, nous ne sommes pas dans la souffrance ! Fini les galopades je prends le temps de rencontrer les gens, de marcher tranquillement tout en faisant des étapes normales. Au début j’étais fatigué de voir toujours les mêmes têtes mais petit à petit des liens se tissent, on se reconnaît le long du Chemin, bien sûr avec plus ou moins d’affinités selon les personnes mais il se crée un noyau et c’est très agréable. Je suis loin de mon projet de solitude de bout en bout mais c’est un autre Chemin qui a évolué comme ça et il me plaît bien.

En route je remarque un marcheur avec une jambe artificielle ; il avance à la même vitesse que tout le monde. Je le croiserai plus tard à plusieurs reprises. Il a plus de difficultés dans les dortoirs que sur le chemin, le soir il enlève sa jambe pour se coucher et s’il a besoin de se relever il se déplace en s’agrippant de lit en lit.

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Belorado, église Santa Maria à côté du refuge

Vers midi je croise « les gentils Français », ceux qui ont secouru Sandra à Estella, installés pour le repas. Ils sont très organisés, chaque jour leur minibus les précède et leur réserve une place agréable (ombre, bancs,..) pour le casse-croûte.

14h30 Belorado. Une étape qui s’annonçait facile, mais qui s’est révélée fatigante sans doute à cause de la proximité quasi permanente de la grand-route et son bruit perpétuel de camions. De plus il n’y a pratiquement aucun arbre, ce qui influe peut-être sur le moral,  impossible de profiter pour s’arrêter des rares exemplaires sur le chemin, ils sont tous souillés, ayant servi d’abri pour satisfaire la nature. Si par hasard, en s’éloignant, il s’en trouve un  acceptable, à son ombre il fait froid : malgré le soleil on ne sait pas trop comment s’habiller.

Arrivé tôt je vais avoir le temps de récupérer et de faire ma petite lessive, il fait de plus en plus froid le soir et le linge a du mal à sécher, il vaut mieux s’y prendre de bonne heure si on veut avoir une chance de le rentrer sec avant la nuit.

Belorado, cigognes

Donc là je suis dans le refuge de Belorado situé dans le presbytère de l’église. Il est tenu par une association caritative suisse et ce sont des bénévoles allemands et autrichiens qui font l’accueil aujourd’hui. Ils parlent français et sont très chaleureux, bien plus que certains bénévoles espagnols plus occupés à discuter entre eux ; je conseille notamment de vérifier qu’ils ont bien apposé le cachet du refuge sur la crédentiale, plusieurs fois elle m’a été rendue sans.

Le guide attribue des «coquilles» aux différents refuges, comme d’autres attribuent des étoiles, en fonction du niveau d’équipement du lieu, coquilles qui  ne tiennent pas compte de l’aspect « humain ». Ce refuge a une coquille et demie et est qualifié de «sommaire». Je vous rassure, il y a tout pour satisfaire le pèlerin de base, literie correcte, douches, cuisines, … mais c’est vrai qu’il n’y a pas de machine à laver le linge par exemple. Et bien c’est l’un des gîte où j’ai été le mieux reçu sur le Chemin, où je me suis senti en quelque sorte chez-moi, ou plutôt accueilli comme un invité. Il y en aura un autre à Corcubion près de Fisterra. Je suis même heureux de donner le coup de main pour rentrer le linge de tout le monde sous la menace de la pluie.

Belorado, église San Pedro sur la place Mayor

Je partage la chambre avec des cyclistes allemands dont l’un est prêtre. Ils sont de bonne compagnie ce qui n’est pas toujours le cas avec les pèlerins en bicyclette. Il faut dire que nous parcourons en fait des chemins très différents, eux font, par exemple, Le Puy Saint-Jacques en environ deux semaines : ils ont à peine le temps de se déconnecter et de ressentir cette espèce d’empathie qui s’installe entre tous les marcheurs au bout de plusieurs semaines de marche.

Il y a des cigognes sur le toit de l’église et sur plusieurs bâtiments de la ville. Souvent elles installent leur nid sur des mâts surmontés d’une plateforme dressée à cet effet. Je ne sais pas si elles restent toute l’année où si elles migrent vers des régions plus clémentes : ici il commence à faire frais.

En ville pas grand-chose à visiter, de plus le froid n’incite pas à la flânerie.

Ce soir je suis encore convié à partager le repas à l’auberge, cette fois je n’arrive pas les mains vides, j’ai acheté quelques provisions pour participer à sa préparation.

Demain encore une étape pas trop difficile, environ  25 km mais avec un petit dénivelé de 400m : destination San Juan De Ortega.

Belorado, cigognes
987 kilomètres parcourus depuis le Puy-en-Velay

 

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