Via Francigena : Rome, enfin !

Rome vendredi 1er novembre

Me voici à Rome. Il fait un temps magnifique ce qui ajoute un petit air de fête au plaisir d’avoir pu mener à bien ce périple, mais je ne me leurre pas dans la réussite de ce genre d’entreprise il y a toujours une part de chance et il faut un ange gardien particulièrement vigilant.
Si pour mon premier voyage à Compostelle j’avais écrit : « Je tiens à rassurer tout le monde : ce ne fut pas difficile, ce n’est pas éprouvant » cette fois ci je peux dire « ce fût difficile et particulièrement éprouvant » et la dernière semaine m’a paru interminable d’autant plus que s’y ajoutait le stress d’une arrivée sur Rome décrite comme dangereuse du fait de la circulation automobile et que beaucoup conseillaient de faire en bus ou en train. Pour ma part j’ai terminé comme j’avais commencé, à pied, mais avec le sentiment permanent de peut-être commettre une erreur que j’espérais n’être pas fatale. Un des rares pèlerins croisés m’a dit que nous étions des pionniers de ce Chemin. C’est vrai, avec le temps il va se structurer un peu plus et déjà il évolue, de nouveaux tronçons sont ouverts pour éviter les routes à grandes circulations et dans le même temps des refuges « offerta » (c’est à dire où on donne selon ses moyens) deviennent payants, beaucoup de pèlerins omettant de donner quoique ce soit ce qui évidemment n’est pas viable.

A quelques exceptions près, tous les les jours marcher seul, manger seul, dormir seul dans de grands dortoirs, de petites cellules monacales ou aussi, quand on n’a pas le choix, dans de somptueuses chambres d’hôtel, c’est le Chemin le plus solitaire que j’ai entrepris, mais je n’en ai pas souffert, au contraire cela m’a plu et m’a procuré une grande paix intérieure. Il ne faut pas confondre solitaire et solitude. Je ne m’étais pas mis dans la peau d’un ermite. Si je rentre en n’ayant aucune idée de ce qui a pu se passer dans le monde pendant mon absence, je n’étais pas pour autant coupé de mes amis, des gens que j’aime et qui m’aiment ; le téléphone, Internet permettent de garder un contact bienvenu en ce qui me concerne.

Il est bien sûr trop tôt pour ne serait-ce qu’envisager de faire un récit de ce voyage ou dans faire une synthèse, il faudra que toutes ces idées, ces impressions se décantent, mais en voici un petit bilan :

  • j’ai perdu : une chaussette (l’erreur du débutant : je l’avais mal amarrée sur mon sac pour qu’elle sèche), une serviette (enfin plutôt deux, j’en avait racheté une que j’ai a nouveau perdue), plusieurs pages de mon guide (pour ne pas m’encombrer en marchant je prélève chaque jour les pages nécessaires à l’étape, certaines ont été ruinées par la pluie, d’autres sont tombées de ma poche…), l’occasion d’apprendre l’italien, 10 kg, quelques illusions dont celle concernant mon aptitude à gravir aisément de forts dénivelés…
  • j’ai gagné : une ampoule la première semaine, cette fameuse paix intérieure qui, je l’espère, va perdurer face à la réalité du quotidien, de belles rencontres qui deviendront peut-être de vraies amitiés, une centaines de noms de nouveaux lieux qui s’embrouillent dans ma tête, des milliers d’images qui défilent dans mes yeux et quand même quelques mots d’italiens…

Encore merci à tous ceux qui m’ont soutenu pendant ces deux mois, en m’hébergeant, en me demandant des nouvelles, en m’encourageant…

Pierre ALGLAVE

10 réflexions au sujet de “Via Francigena : Rome, enfin !”

  1. Bonjour Anne,
    L’idée est séduisante, une équipe de marcheurs solitaires… cela restait à inventer.
    A étudier…quand j’aurais enfin atterri ;o)
    Amitiés
    Pierre

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  2. Bonjour Pierre,
    je suis bien d’ accord avec Jean-Claude, à part Rome-Jérusalem, je ne vois pas…
    Et, juste comme cela, une question des plus innocentes, votre duo, seriez-vous prêts à l’ ouvrir à d’ autres compagnons de marche ?
    Parce que, chapeautée par d’ aussi valeureux chevaliers, rien de fâcheux ne pourrait m’ advenir, me semble-t-il, même en terrains des plus hostiles 😉
    Hauts les coeurs, l’ idée n’ est pas si folle !
    Amitiés à tous deux.
    Anne

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  3. Bonjour et bravo Pierre,
    C’est sûr que la Francigena, n’a rien à voir avec le Francès… du point de vue rencontres, hébergements, et chemin lui même.

    Alors après tout ces « camino » et « cammino », que te reste-t-il comme chemin pélerin à parcourir?
    Je ne vois que Rome —> Jérusalem….

    Si l’idée (folle) t’éfleurait, contacte moi… On ne sait jamais!!

    Jean-Claude

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  4. Bravo pour ce nouveau chemin. Hier et aujourd’hui nous avons pensé à vous en visitant monteriggioni et san gimignano et voyant les symboles de la via francigena. Nous avions bien envie également de suivre de chemin…. Nous le ferons certainement un jour.
    Bon retour à la maison !
    Monique et Thierry

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  5. Bonsoir Pierre
    Des félicitations, bien súr, pour ce dernier (en date… !) chemin !
    Le solde est visiblement positif !
    Merci pour le partage.
    Encore bravo.
    Anne
    Et pour que cette paix intérieure perdure ces mots de Rabindsanath Tagore :
    « Où les routes sont tracées, je perds mon chemin.
    Sur la vaste mer, dans le bleu du ciel, il n y a point de lignes marquées.
    Le sentier est caché par les ailes des oiseaux, le feu des étoiles, par les fleurs des saisons différentes.
    Et je demande à mon coeur : ton sang ne porte-t-il point la connaissance de l invisible chemin ? »

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