De Rionegro del Puente à Puebla de Sanabria : 45 km

De Rionegro del Puente à Puebla de Sanabria : 45 km

Sur La via de la Plata, de Séville à Santiago de Compostelle

20e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 300 kilomètres
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Rionegro, mardi 21 septembre.
7h40, je quitte l’auberge. La fête s’est poursuivie longtemps après 22h, sans nous, vive les tampons d’oreille. Le jour se lève et il fait frais. Mon premier objectif est le centre de santé de Monbuey à 10 km, puis ce sera direction Puebla de Sanabria, encore 32 km plus loin où je devrais retrouver Arnaud qui est parti il y a déjà quelques minutes.

Hier Arnaud est arrivé complètement épuisé, alors que pour ma part j’étais moins fatigué que la veille où je n’avais pourtant fait qu’une trentaine de kilomètres. Il faut dire que c’était son deuxième jour consécutif de plus de 45 km, cela entame les réserves. Nous nous comprenons bien, avons un peu le même style de fonctionnement. Lui aussi a parfois hâte que cela se termine. Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous étions peut-être gavés de Chemin, tout se ressemble un peu, pas dans les paysages mais dans la démarche et en plus c’est vrai que dans cette version nous n’avons pas rencontré grand monde même si évidemment la qualité prime sur la quantité.

J’ai refait mon pansement, la plaie a l’air propre, mais un peu gonflée et je ne sais pas si c’est un signe d’infection. En tout les cas ce n’est pas douloureux sauf à la base du pouce là où il y a un bel hématome. Plusieurs personnes m’ont dit qu’être reparti avec ma main bandée était courageux. Je ne sais pas si c’est le cas, c’est juste plus fort que moi, tant que je peux je fais. Et puis il est souvent plus facile de continuer que de prendre la décision d’arrêter.

Sur le CheminSur le Chemin

Il fait jour le soleil s’est levé, une petite brume s’élève des champs. L’herbe est mouillée, événement inhabituel au regard des jours précédents.

Un peu plus de 10h, je sors du centre de soin de Monbuey. Je suis arrivé juste au moment du changement d’équipe et il y a eu un petit flottement, mais encore une fois, accompagné du sésame « hay un perigrino … », j’ai bénéficié d’un régime spécial et une demi-heure plus tard j’étais dehors. Les nouvelles sont bonnes, l’infection est résorbée, j’ai juste un petit pansement de protection, il faudra faire enlever les points dans deux jours. Je me sens plus léger. Le toubib m’a donné discrètement le fond d’un flacon de Bétadine pour que je puisse bien nettoyer ma main jusqu’au prochain dispensaire à Lubian, à une soixantaine de kilomètres, où je ne serai au mieux que demain soir

Pierres dressées à l`entrée de San Salvador de PalazueloSur le Chemin - Murets

10h45 Ce trajet est loin d’être désagréable, mais il circule entre la nationale et l’autoroute et il y a toujours un léger ronronnement qui gâche un peu l’effet. Au détour d’un bosquet je tombe nez à nez avec un grand cerf qui s’immobilise un moment mais ne me laisse pas le temps d’attraper mon appareil photo pour immortaliser notre rencontre.

12h50 Depuis Valdemerilla, le premier village après Mombuey, le chemin s’est vraiment écarté des grandes voies routières et traverse de beaux paysages et de jolis villages, variés, avec fontaines, chapelles, mais qui reflètent une certaine pauvreté, un abandon même si ici est là de belles maisons toutes neuves témoignent d’un regain de vitalité comme des rejets pointant hors de vieilles souches. C’est tout compte fait plus sympathique que ne le laissait prévoir le départ. Je ne devrais plus être très loin de Entrepeñas où j’espère enfin trouver un peu de ravitaillement sinon il faudra attendre Asturianos, 3 km au delà, qui a l’air plus important.

Sur le CheminTraversée d`une zone incendiée

13h40 je suis à Asturianos, il y a un bar !

14h35 je quitte ce bar où j’ai pris un sandwich au jambon et de l’eau. J’y ai été reçu comme un chien dans un jeu de quille. Une plombe pour me servir, une autre pour avoir la « cuenta » (l’addition). Enfin, cela m’aura imposé de me reposer.

Source à Otero de SanabriaHaut de porche à Otero de Sanabria

Le chemin est désormais vallonné et pratiquement tout en sous-bois. Au niveau du petit village de Remesal on traverse châtaigneraies et bruyères, signes d’une prise d’altitude et d’une progression vers le nord. Puis c’est la belle église, malheureusement fermée, de Otero de Sanabria. A 18h j’entre dans Puebla de Sanabria.

Au loin Puebla de SanabriaAu pied de la citadelle de Puebla de Sanabria

Au pied de la citadelle, au niveau d’une auberge privée pour pèlerins, une dame vient à ma rencontre en souriant et me demande si je vais y faire étape. En fait non, d’après mon guide il y a une possibilité d’hébergement dans le centre historique, dans une institution religieuse, le « Collegio Amor de Dios », ce qui me paraît beaucoup plus tentant que de séjourner en bordure de la grand route. Je comprendrai plus tard qu’il s’agit de la femme du couple allemand que j’avais quitté en bas du Pico de la Dueña et à qui j’avais promis une bière.

Le récit de mon Chemin de Compostelle au départ du Puy-en-Velay ainsi que celui par le Camino Norte sont désormais disponibles en livres vous pouvez les découvrir ICI.

Un quart d’heure plus tard me revoilà devant l’auberge, le refuge envisagé étant désormais fermé. La ville avait l’air intéressante mais je ne sais pas si je vais avoir le courage d’y retourner pour l’explorer plus à fond, la montée est assez raide et mes mollets me reprochent ce dernier effort inutile.

Ravigoté par une bonne douche je prends mon courage à deux mains et je remonte arpenter la vieille ville. Devant la cathédrale je tombe sur Arnaud. Il a repéré un restaurant qui propose un « menu del dia » à 21h. Nous prenons un pot en attendant l’ouverture. Quand nous nous présentons, aie ! ils ne servent pas ce type de menu le soir. Descente précipitée vers le restaurant en face de l’auberge où tous les pèlerins sont déjà installés, notamment le couple allemand. Ils n’ont pas réclamé leur bière et je ne leur ai pas offerte. Pas envie de leur raconter le genre d’exploit accompli après les avoir doublé.

 

 
705 kilomètres parcourus depuis Séville

 

4 réflexions au sujet de “De Rionegro del Puente à Puebla de Sanabria : 45 km”

  1. Pour Anne
    Bonjour,
    Pour la distance ce n’est jamais très précis et c’est vrai que je devrais peut-être la ramener à 42 km d’après certains guides. Mais quand on aime on ne compte pas et puis je m’en voudrais de diminuer par la même occasion votre fierté.
    Merci pour toutes ces pistes jacquaires et je ne manquerai pas de vous contacter si besoin est. A vrai dire pour le moment pas de projet précis, peut-être en septembre un départ depuis Arles, mais rien n’est encore figé.
    C’est vrai que voilà plus de deux semaines de « stand by », le temps passe….
    Promis je m’y remets.
    Cordialement
    Pierre

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  2. Re: De Rionegro del Puente à Puebla de Sanabria : 45 km
    Bonjour Pierre,
    Vous voici de nouveau en « stand-by », (hihihi) à Puebla de Sanabria, cette fois…
    Il est vrai qu’ après une longue étape, monter au beau château de la ville, appelle, ensuite, à un temps de repos !!!
    Toujours un régal de vous lire.
    Avec, sur cette étape, un contentement personnel accru : je me découvre encore plus « valiente » que ce que voulaient bien me dire les espagnols rencontrés. Partie, comme vous-même, de Rionegro del Puente, je croyais n’ avoir marché « que » 40 Kms jusqu’ à Puebla ; vous en comptez 5 de plus, je ne suis pas peu fière !!!
    Toujours le brio de votre style qui fait merveille à nous raconter toutes les belles églises, chapelles de cette étape qui ne manquaient pas d’ allure avec leurs campanile, escalier extérieur.
    Malade sur cette étape, je leur ai su gré de m’ abriter sous leurs auvents et c’ est avec émotion que je regarde vos photos.
    Je crains bien, en effet, qu’ il faille me compter parmi les « allumés » du chemin !
    Quelques projets, indécis pour l’ heure. Rome ? Le Camino Portuguese ? J’ espère en avoir l’ opportunité.
    Vous-même, avez-vous des projets de chemin ?
    Pour un temps court de marche, l’ itinéraire Conques-Toulouse ne manque pas d’ attraits.
    Nouvellement balisé, je n’ y ai rencontré, une fois quitté Conques, absolument personne, ni sur le chemin, ni aux étapes. Cela ne durera pas !
    Le chemin est splendide, sur des sentiers, dans une nature splendide et sauvage. Les traces jacquaires y sont nombreuses (anciens hôpitaux ; peintures murales du XIVe siècle retraçant, là aussi, et cela n’ a pas manqué de me surprendre,
    la légende du pendu dépendu ; dans un musée une statue de saint Jacques en bois polychrome du XVIe siècle ; et autres merveilles).
    Et quelques jolies « grimpettes » pour qui aime les défis.
    Je me tiens à votre disposition pour tous renseignements complémentaires, LOL !
    Au plaisir de pouvoir lire votre avancée sur cette chère Via de la Plata !
    Cordialement,
    Anne

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  3. Pour Hélène
    Merci pour ses renseignements.
    La cathédrale était malheureusement fermée et je n’ai pas vu l’intérieur mais l’ensemble là-haut était très agréable à parcourir, incitait à flâner. En plus il faisait très beau.

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  4. Puebla de Sanabria
    Les photos de Puebla de Sanabria donnent envie d’aller voir de plus près, je lis sur le site http://www.pueblasanabria.org/ que Puebla est une des plus anciennes localités de la province de Zamora, la plus ancienne trace écrite remontant à l’année 509… Cette étape donne envie (encore) d’aller coller les yeux sur les façades sculptées et le trésors des églises, alors merci pour la découverte !

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