Troyes : étape n°8 – Ma via Francigena

Du Mesnil-Saint-Loup à Troyes
Du Mesnil-Saint-Loup à Troyes

Lundi 9 septembre.
Neuvième jour : Rome est à 1548 kilomètres.

J’ai quitté le monastère du Mesnil-Saint-Loup vers sept heures trente. En route pour Troyes ! D’après le GPS de mon téléphone il y aurait vingt-six kilomètres jusque chez Agnès, cette fois encore entièrement sur route depuis que j’ai abandonné le GR.
Il fait très beau un peu frais au départ. Je suis en forme même si j’ai très mal dormi, comme si j’avais bu trop de café, on ne peut pourtant pas dire que j’avais trop mangé. Ou alors j’étais simplement énervé. L’inconscient peut-être, aujourd’hui ce serait l’anniversaire de mon père.

Hier j’ai téléphoné au gîte d’étape de la Loge aux Chèvres dans la Forêt d’Orient. Je suis tombé sur un répondeur. Donc pour le moment pas de point de chute pour demain. Sinon, j’allais dire au pire, il reste encore le presbytère indiqué par Hubert, c’est lui qui m’avait signalé le monastère du Mesnil-Saint-Loup, une vraiment bonne adresse, mais en tant que mécréant j’ai toujours quelques scrupules à demander l’hospitalité dans les accueils religieux, même si en fait je m’y suis toujours senti à l’aise et bien accueilli.

En Chemin sur la D60
En Chemin sur la D60

Au loin des éoliennes. Dans l’Yonne il n’y en avait pratiquement pas, mais ici dans l’Aube elles foisonnent, question de vent ou de politique ? Je ne sais pas.
Je crois que je commence vraiment à entrer dans ce Chemin. Il faut bien une semaine, sinon c’est juste une rando. Les chaussettes achetées à Sens sont plus fines que celles que j’ai perdues, mais elles ne sont pas en cause pour l’ampoule qui s’est logée à la racine de mon gros orteil gauche, elle était apparue avant, sans doute un petit caillou que j’ai négligé. Pas d’inquiétude, elle évolue bien.

Neuf heures, petite pause à Dierrey-Saint-Pierre juste à côté de l’église. La circulation est évidemment un peu plus intense qu’hier mais ça reste très supportable. Il y a eu un rush juste à huit heures, puis cela a été les scolaires et maintenant c’est calme. Sans doute qu’à l’approche de Troyes ce sera un peu plus compliqué.
Midi et demi, il reste environ six kilomètres pour arriver chez Agnès. Le paysage est uniforme, des champs, des champs, parfois une vigne. Je me suis abrité du soleil et du vent appuyé à un grand hangar agricole un peu à l’écart de la route, il n’y a pas un arbre. Le temps se couvre.

En Chemin, vigne et Troyes au loin
En Chemin, vigne et Troyes au loin

Juste en bordure du bâtiment il y a un petit chemin carrossable où, tout à l’heure, est arrivée une voiture jaune qui s’est arrêtée à une cinquantaine de mètres, moteur allumé. J’ai cru d’abord que c’était la Poste, mais non. Un vieux monsieur en est descendu, est allé bricoler je ne sais pas quoi à l’arrière du véhicule, puis est remonté, est reparti, m’a dépassé pour s’arrêter à nouveau quelques mètres plus loin, toujours moteur allumé. Il est retourné à l’arrière, en a fait descendre un chien et une écuelle avec un ostensible « Vient boire mon petit ». J’ai eu la sensation qu’avec son inspection il signifiait à « l’étranger » qu’ici c’était chez lui, pas chez moi. Puis il est reparti.

Mais ce n’est pas lui qui me chasse, ce sont les nuages. Le temps se couvre de plus en plus et ça sent la pluie. Agnès m’a laissé un message : elle ne sera chez elle qu’à dix-neuf heures, mais elle a prévenu ses voisines et j’aurai accès à la maison dès dix-sept heures, à moins qu’elle rentre plus tôt, mais ça m’étonnerait, elle est très prise et très impliquée par son travail. Je vais en profiter pour visiter la ville… si la pluie m’en laisse le loisir.

Le récit de mon Chemin de Compostelle au départ du Puy-en-Velay ainsi que celui par le Camino Norte sont désormais disponibles en livres vous pouvez les découvrir ICI.

À Troyes un beau centre ancien avec des maisons multicolores à colombages, de belles églises, la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul, la basilique Saint-Urbain, l’église Sainte-Madeleine… et il a commencé à pleuvoir. C’est à cet instant que je me suis aperçu que j’avais emporté la mauvaise cape. Lors de mon dernier voyage j’avais constaté que ma cape fuyait au niveau du cou. En préparation de ce périple j’en avais acheté une autre, identique, et j’avais gardé l’ancienne avec l’idée de la remettre en état. Et voilà, en fait la cape neuve attend mon retour. Cela m’apprendra à garder des « ça peut ». Il va falloir que je la consolide, ou que je me fasse envoyer sa sœur jumelle.

Troyes, le centre
Troyes, le centre

Je me suis donc réfugié dans l’appartement d’Agnès dont les voisines avaient bien les clés. Une chambre m’attendait et en fait tout l’appartement était à ma disposition, elle avait mis des post-it partout pour m’indiquer WC, salle de bain, etc. Je pouvais me servir de ce que je voulais. Une belle confiance. Somme toute on se connaît à peine. Nous nous nous sommes rencontrés en 2008 lors d’un trek au Sahara vers le plateau de l’Assekrem sur les traces du père Charles de Foucauld. Nous étions un petit groupe d’une dizaine de personnes, j’y étais avec mon frère, elle avec une amie, Martine, que je ne verrai pas, elle est en voyage au Tibet actuellement. Nous avions sympathisé. Il y a des rencontres qui traversent le temps.

Urgence numéro un, trouver un hébergement pour demain. Le gîte d’Amance est plein, celui de la Loge aux Chèvres toujours sur répondeur. J’ai essayé le presbytère indiqué par Hubert, quelqu’un a décroché : il est désolé, il ne fait plus d’accueil pèlerins, il y a eu trop de dégradations et d’incivilités. Merci à ces valeureux pèlerins qui par leur comportement nuisent à tous ceux qui les suivent !

Église de la Madeleine, le jubé
Église de la Madeleine, le jubé

Je commençais un peu à m’inquiéter, puis je me suis dit que mes cousins, Annette et Laurent, qui avaient proposé de m’héberger dans deux jours et de venir me chercher sur la via Francigena à Bar-sur-Aube, pourraient peut-être m’accueillir demain et venir me cueillir à Amance, il n’y a que sept kilomètres de différence. Ils ont accepté. La soirée s’annonçait sans stress.

Agnès est rentrée un petit peu avant dix-neuf heures, je l’ai tout de suite reconnue. C’est une femme de décision, efficace et très chaleureuse. À peine arrivée elle s’est mise à la préparation du repas : melon et jambon en entrée, puis légumes au four et pâtes, fromages, un Chaource et un Langres, que je ne connaissais pas, et compote de mirabelle en dessert. Une fois le repas prêt, elle m’a annoncé qu’elle avait invité ses voisines pour l’apéritif. Échanges, discussions, une soirée très agréable. En plus ce fut au Champagne ! Je sais bien que c’est la région, mais recevoir un humble pèlerin au Champagne c’est quand même quelque chose.

241 kilomètres parcourus depuis chez moi dont 27 aujourd’hui.

Ci-dessous une galerie de photos, d’éventuelles précisions sur des curiosités locales, la navigation vers les étapes suivantes ou précédentes et la possibilité de déposer un commentaire.

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