De San Juan de Ortega à Burgos – Chemin de Compostelle

Samedi 4 octobre,
40e jour : Saint-Jacques-de-Compostelle est à 539 kilomètres

Burgos
De San Juan de Ortega à Burgos
Dernière étape vers Burgos
Plateau de Matagrande, croix

Ce matin suite des déconvenues avec le refuge : la machine à café est à son tour en panne ! De plus le tarif habituellement pratiqué de 0,50 euro est passé cette fois à 0,80. Je ne sais pas si c’est le peu de ressources du village ou la proximité de Burgos qui les incitent à gonfler les prix comme ça.  Donc départ vers Burgos le ventre vide. Le temps est frais mais le ciel est limpide. Aujourd’hui j’attaque mon 40ème jour sur le chemin.

A Agès un accueil pèlerin me tend les bras. Si c’est ici qu’Anika a passé la nuit elle a fait le bon choix : l’ambiance est très chaleureuse et le café y est bon, surtout accompagné de quelques gâteaux.

J’hésite encore : bus or not bus. Les avis sont partagés, certains prônent le purisme du Chemin d’origine, d’autres pensent que la banlieue de Burgos ne présente aucun intérêt et qu’il est préférable de prendre le bus pour éviter ces quelques 10 km urbains. Il existe aussi une variante qui contourne la banlieue en suivant le rio Arlanzòn. Je vais voir, il reste au moins 10 km pour choisir. Le chemin est facile, il fait beau et pas trop chaud.

Plateau de Matagrande, cercles de pierres

Sur le plateau de Matagrande une grande croix et au sol d’étranges cercles concentriques de pierres. Est-ce une réplique de ces labyrinthes présents dans certaines cathédrales ? Même si on arrive ici par un petit raidillon le plateau n’est pas très haut, environ 1050 m (San Juan de Ortega était à 1040 m), mais il est très pelé et la vue très dégagée : je crois apercevoir Burgos au loin.

Bon j’ai décidé, je vais prendre le Chemin d’origine, pas par purisme mais par curiosité : est-ce aussi pénible qu’on  le dit ?  Je vais me faire ma propre opinion. Beaucoup de pèlerins ont choisi la variante, très peu en fait choisissent le bus. A Villafria il me semble apercevoir de l’autre côté d’une large avenue Anika à l’arrêt du bus pour Burgos : je passe mon chemin et fais comme si je ne l’avais pas vue, des fois qu’elle serait gênée.

En fait j’ai trouvé ça anodin, j’ai traversé toute l’approche de Burgos bien au chaud dans ma bulle. L’avenue d’accès est très large et, peut-être parce que c’est samedi, la circulation est très supportable, pas démentielle comme l’annoncent certains. De plus les gens sont toujours très gentils et souriants à mon approche. Sans aller jusqu’à dire, comme à la télévision, « rien que du bonheur » je ne regrette pas du tout mon choix, je trouve même que c’est une autre approche du Chemin, sa face urbaine. Dans les temps anciens les « grandes » villes étaient certes plus réduites mais ne devaient pas non plus être de tout repos (il suffit de se souvenir des « Embarras de Paris » de La Bruyère) et le pèlerin de jadis abordait cette difficulté comme les autres, peut-être même avec joie, car c’était quand même moins périlleux que d’affronter le col de Roncevaux en pleine tempête de neige. Le fléchage est très bien fait et je me suis retrouvé au centre historique de Burgos sans problème et sans avoir vu le temps passer.

Burgos, la cathédrale

En suivant les balises je me retrouve vers 14h devant l’auberge de la « Divina Pastora » située dans une ancienne église coincée entre deux immeubles. Le dortoir est minuscule, pour une vingtaine de personnes, et les sanitaires sont succincts mais elle est à une centaine de mètres de la cathédrale. Il y a beaucoup de places libres, je m’installe. Seul inconvénient, tous les quarts d’heure une cloche sonne ; on  entend le mécanisme qui commence à se tendre « Cccccccccrac » et puis d’un seul coup il se relâche et  « Dong, Dong,… », tout le bâtiment tremblote. Ce n’est pas désagréable, ça donne un cachet mais j’espère quand même qu’il y aura une trêve cette nuit !

Après quelques ablutions je sors visiter Burgos. En fait je suis venu ici pendant l’été 2006, c’est donc assez frais et, plus que faire une visite, je vais essayer de retrouver mes marques. Pour la cathédrale c’est facile. Je m’installe sur un muret, j’appelle Hélène pour évoquer ces vieux souvenirs puis je déguste un sandwich au saucisson et une banane, un vrai régal pour un estomac vide : je n’ai rien avalé depuis Agès.

Burgos l`auberge "Divina Pastora"

Autour de la cathédrale des groupes endimanchés qui attendent pour des mariages. Ce soir je profiterai de la cohue accompagnant  la sortie d’un couple de mariés pour entrer dans la cathédrale par le portail principal. J’y retrouve plusieurs autres pèlerins qui ont fait de même, nous ne sommes pas très discrets avec nos accoutrements au milieu des invités tous sur leur 31, mais personnes ne nous intercepte. Cette incursion ne permet pas de voir grand-chose mais donne une bonne idée de la richesse des lieux. Pour le reste je connais déjà, sinon il faudrait prendre un billet.

Après j’arpente la ville pour réveiller mes souvenirs. Au début ce n’est pas si facile, je n’étais pas arrivé par la même route et il faut que je me réoriente. Petit à petit je retrouve tout, le pont et la porte Santa Maria, la Plaza Mayor, … tout est là sauf la chaleur : il fait très froid.

En déambulant je retrouve des compagnons de voyages. Ils ont pris la variante qui semble un peu plus longue et sont installés dans la nouvelle auberge pour pèlerins. Je les accompagne, elle est à 200m de la mienne. Tout y est neuf, spacieux, moderne et même si les dortoirs sont plus grands donc plus peuplés que le mien je décide de déménager : ici il n’y a pas de cloches. Je sais c’est un luxe mais le coût de ce nouvel hébergement est de 3 euros : pour ce prix je  peux me permettre quelques folies.

Le soir j’opte pour une paella dans une pizzeria, c’est peut-être le mélange des genres mais ce n’était pas très fameux.

Le récit que vous êtes en train de lire est désormais disponible en livre papier ou numérique, vous pouvez le découvrir ICI.

 
1041 kilomètres parcourus depuis le Puy-en-Velay

 

6 réflexions au sujet de “De San Juan de Ortega à Burgos – Chemin de Compostelle”

  1. bonjour
    bonjour Pierre
    si je comprends bien;nous attendons la suite après Burgos?
    c’est un plaisir de te lire ;et tu nous dis de bien belle chose
    a bientôt
    robert

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  2. Cercle de pierres
    Je n’ai pas la réponse. J’ai lu qu’effectivement ils seraient construits par les pèlerins, chacun ajoutant sa pierre. Personnellement je n’en ai pas ajoutée, je me suis contenté de les parcourir, ce n’est pas une spirale.

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  3. Cercle de pierres
    Fascinant de cercle de pierres. Je manque d’explications : qui l’a fait ? Chaque passant ajoute-t-il une pierre ? Est-ce un mantra géant ? Un cadran solaire ? Un cromlech ras du sol ? Une pierre = une âme de pèlerin en pleine renaissance ? Chaque passant se doit-il de le parcourir ? Dans quel sens ? Que trouve-t-il à l’arrivée s’il y a un début et une arrivée ?

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